Faulkner ! Faulkner !
Le 1er mars 2005
C’est le récit d’une lecture, la quête d’une œuvre. Michèle Desbordes feuillette pour notre plus grand bonheur l’album photo faulknérien, loin de tout bruit et de fureur.


- Auteur : Michèle Desbordes
- Editeur : Verdier
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française

L'a lu
Veut le lire
Ombres rassurantes ou inquiétantes, il y a des livres qui nous accompagnent tout au long de notre vie. Qu’ils soient cachés au fond d’une bibliothèque ou qu’ils patientent dans le tiroir d’une table de chevet, ils sont là à faire le guet, observer notre façon de grandir et de vieillir pour se laisser cueillir de nouveau au moment le plus propice. Ces livres-là sont des œuvres vivantes dont la respiration ne peut être entendue que par les amoureux des mots. Michèle Desbordes fait partie de ces esprits sensibles qui non seulement écoutent la palpitation des phrases au creux des pages mais en recueillent même le souffle et leur redonnent force et beauté. L’écrivaine a entrepris de revivifier l’œuvre de Faulkner qu’elle visite avec délicatesse dans son récit Un été de glycine.
Comme elle avait déjà procédé pour Camille Claudel dans La robe bleue, l’auteur feuillette l’album photo de William Faulkner à la recherche d’un sourire ou d’un œil froncé qui livrera un secret ou illustrera du moins cette mélancolie pesante, gluante comme les boues du Mississipi et qui fait le lit des romans de l’écrivain américain. Les héroïnes de sa vie comme de ses romans s’y glissent, tant avec le charme de leur jeunesse que le poids de leur souffrance vite accumulée au long des années, et l’œuvre se construit au fil des souvenirs et des voix remontées à la surface.
Naît un comté imaginaire au nom imprononçable, Yoknapatawpha, et des images de fiction qui se mêlent à celles échappées de la vraie vie, c"es choses furtives et chatoyantes qui apparaissent et disparaissent et doucement, sans que jamais l’on y renonce, bougent et tremblent à même la nacre des paupières". S’y faufilent de surcroît les souvenirs personnels de la lectrice que fut Michèle Desbordes. Autant d’instantanés fragiles qui défilent ainsi, lentement telle une mélopée ensorcelante au gré des habituelles longues phrases de l’auteur, si belles, si émouvantes.
Michèle Desbordes, Un été de glycine, Verdier, 2005, 108 pages, 13 €