Estate romana
Le 29 septembre 2011
Garrel renoue avec la couleur, celle de Rome, dans ce nouvel opus qui ménage plus d’un moment magique.
- Réalisateur : Philippe Garrel
- Acteurs : Monica Bellucci, Louis Garrel, Maurice Garrel, Céline Sallette, Jérôme Robart, Vladislav Galard
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français, Italien, Suisse
- Date de sortie : 28 septembre 2011
- Plus d'informations : http://www.wildbunch-distribution.com/fichefilm.php?id=127
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– Durée : 1h 35mn
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Garrel renoue avec la couleur, celle de Rome, dans ce nouvel opus qui ménage plus d’un moment magique.
L’argument : Paul rencontre Frédéric par un ami commun.
Frédéric est peintre. Il vit avec Angèle, une actrice qui fait du cinéma en Italie.
Pour vivre en attendant d’être acteur, Paul fait de la figuration.
Sur un plateau, Paul rencontre Elisabeth qui est aussi figurante.
Ils tombent amoureux.
Frédéric invite Paul et Elisabeth à Rome.
Notre avis : On ne voit guère la Rome des touristes dans le long flashback estival qui constitue l’essentiel du nouveau film de Philippe Garrel, mais la lumière et les couleurs de la ville sont bien là, célébrées par la splendide photo du grand Willy Kurant enfin sorti de sa semi-retraite.
Ce retour à la couleur, après le noir et blanc intense, signé Lubtschanski, des Amants réguliers et des Frontières de l’aube, ainsi que le choix d’un cinémascope manié avec une élégante virtuosité (la scène de repas filmée quasi en gros plan) confèrent à Un été brûlant un ton plus léger, moins recueilli que celui des films précédents.
Une pointe d’humour désarmant, fréquent chez le cinéaste, est aussi plus affirmé ici que d’habitude. Garrel s’amuse à l’exercice du à la manière de (les scènes de tournage, surtout celle du film sur la résistance) et les interprètes des personnages masculins, éternels adolescents immatures, affrontent bravement le ridicule des répliques parfois casse-gueule que leur ont écrites Garrel, Marc Cholodenko et Caroline Deruas-Garrel.
Jérôme Robart prête sa bouille de grand enfant, aussi sympathique qu’exaspérante, à un Paul naïf, pour ne pas dire niais, poursuivant un rêve de révolution bien vague et chimérique, et le Frédéric capricieux, poseur et pourtant plein de panache de Louis Garrel peut agacer lui aussi mais tous deux ont une espèce de candeur, d’innocence touchante.
Le film flatte leur immaturité et fait à travers eux un éloge de l’amitié nuancé d’une touche d’ironie, mais surtout il revendique sans complexe une forme de naïveté donnant lieu à quelques scènes qui susciteront peut-être la de perplexité de certains spectateurs. L’opération de police musclée contre des immigrés clandestins sous le métro aérien, par exemple, a l’air d’une pièce rapportée, une tentative maladroite d’ancrer le film dans la réalité de 2010.
Car sur l’ensemble flotte un délicieux parfum d’intemporalité, d’éternelles années 70 (Paul et Elisabeth survivent en cachetonnant comme figurants à Cinecittà).
Cette indétermination temporelle donne à Un été brûlant une atmosphère de rêve un peu fiévreux et qui peut tourner au cauchemar, Garrel n’hésitant pas à surprendre par des coups de poings inattendus, et ce dès le début avec le plan de l’accident, impressionnant (Frédéric levant le bras pour se cacher les yeux avant le choc). Quant à l’apparition ultime, post mortem, du grand-père au chevet de celui dont la vie ne tient plus qu’à un fil, elle est extrêmement émouvante, que l’on sache ou non que Maurice Garrel a bel et bien disparu peu de temps après le tournage.
Le cinéma de Garrel a toujours su ménager ces moments de magie et ce nouvel opus ne déroge pas à la règle. Ils rendent précieux un film qui a souvent l’air de se chercher et frôle parfois l’inconsistance sans essayer de donner le change mais qu’illumine la présence de Céline Sallette et d’une superbe Monica Bellucci, apparemment sereine mais se révélant inquiète et tourmentée.
Il laisse une impression de splendeur, de beauté déployée en pure perte et de vie brûlée, certes, mais calmement, en douceur.
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