Un enfant de toi - la critique

Critique : Jacques Doillon filme les atermoiements amoureux d’Aya (Lou Doillon), en couple avec Victor (Malik Zidi), mais qui demande la permission à son ex, Louis (Samuel Benchetrit), avant de prendre la décision de faire un enfant avec son "actuel". Aya et Louis entretiennent une relation équivoque, se voient en cachette, poussent le vice jusqu’à organiser des diners en présence de Gaëlle (Maryline Fontaine) et Victor, leurs conjoints respectifs. Ils jouent avec le feu, se complaisent dans le marivaudage, s’interrogent sur la nature de la passion (« la passion, c’est la guerre, mais c’est pas toujours la guerre. »). Entre eux, le retour de flamme est évident, mais Aya ne se résout pas à quitter Victor.
Les rendez-vous secrets des deux "ex" ne trompent personne, et bientôt face aux hésitations d’Aya les alliances se forment, entre Gaëlle et Victor d’abord, puis entre les deux rivaux. Mais cela sans haine, ni violence : l’inconstance des adultes répond aux amours de cour de de recréation orchestrés (eux aussi) par Lina. Même légèreté, même désinvolture : l’adultère reste un badinage presque innocent.
D’ailleurs, les deux prétendants, Louis l’artiste ténébreux et Victor le dentiste, se lancent de concert à la recherche d’Aya, et finissent par partager une bouteille de vodka et la même chambre d’hôtel.
Au milieu de tout ça, Lina (Olga Milshtein) la fille d’Aya, et Louis s’interrogent sur le comportement des parents, avec toute l’ingénuité de l’enfance. Chaque scène réaffirme le naturel de l’actrice dont c’est le premier rôle, et Jacques Doillon confirme qu’il sait toujours aussi bien tirer le meilleur parti du jeu des enfants.
Dialogues très (trop ?) écrits autour d’un vaudeville contemporain, thème de l’enfance : les inconditionnels reconnaîtront la méthode Doillon... le film plaira aux aficionados des huis clos en chambres d’hôtel, des dialogues théâtraux et des chassés-croisés amoureux. Les autres seront en droit de trouver le temps long.