Le 29 janvier 2023
D’une belle sagesse académique, le film impressionniste de Bertrand Tavernier est l’adaptation du roman de Pierre Bost, scénariste jadis honni par François Truffaut. On s’y ennuie poliment, tandis que bourdonnent les mouches.
- Réalisateur : Bertrand Tavernier
- Acteurs : Sabine Azéma, Michel Aumont, Geneviève Mnich, Monique Chaumette, Claude Winter, Louis Ducreux
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Durée : 1h30mn
- Date télé : 13 avril 2020 20:55
- Chaîne : Arte
- Reprise: 15 février 2023
- Date de sortie : 11 avril 1984
– Reprise en version restaurée : 15 février 2023
Résumé : Comme chaque dimanche de cette année de 1912, un vieux peintre au crépuscule de sa vie accueille ses enfants dans sa maison de campagne. Le sérieux de son fils contraste fortement avec l’anti-conformisme de sa fille, une personne pleine de vie. Il ne les comprend pas, on ne l’écoute plus... Il se sent vieux, très vieux.
Critique : Bertrand Tavernier adapte le roman Monsieur Ladmiral va bientôt mourir de Pierre Bost, écrivain et scénariste honni par la Nouvelle Vague, avec qui le réalisateur collabora pour L’Horloger de Saint-Paul, ainsi que Le Juge et l’Assassin. Ce film d’une facture naturaliste documente des faits et gestes sur un principe absolu de linéarité, effeuillant quelques thématiques proustiennes - la mémoire involontaire disséminée dans quelques objets, d’imperceptibles ruptures temporelles dans la chronologie du récit, la structure cyclique de l’histoire -, offrant aussi, par la voix off, les oripeaux d’une littérature simili réaliste, dont Roland Barthes disait volontiers, dans Le degré zéro de l’écriture, qu’elle contenait "tous les signes spectaculaires de la fabrication". Tavernier en propose une translation cinématographique qui constitue un strict équivalent visuel, avec une tentative souvent vaine de glisser le sens dans les interstices de la banalité.
- © Tamasa Distribution
De ce peintre vieillissant, rétif à la modernité artistique ("dès que c’est nouveau je frissonne"), le film est le portrait idoine, privilégiant une sorte d’harmonie imitative, empreinte d’un académisme suranné, comme si le monde n’avait jamais changé. Limités au pré carré d’une propriété, les personnages se constituent par binômes attendus (le veuf et la servante dévouée, le père modèle et le fils à la fois admiratif et soumis, le frère et la sœur aux tempéraments contraires) et l’on est finalement plus attentifs aux interprètes qu’à la densité plutôt mince des situations, sur lesquelles volettent des mouches estivales : dans le rôle d’un fils à la fois falot et mal aimé, le trop rare Michel Aumont se détache, formidable de retenue contrite, tandis qu’à Irène, débarquée dans la torpeur familiale comme une bourrasque, Sabine Azéma offre les contours d’une spontanéité joyeuse, dont l’envers n’est que mélancolie et anxiété (sa prestation lui valut le César de la meilleure actrice en 1985).
- © Tamasa Distribution
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nani 16 mai 2020
Un dimanche à la campagne - Bertrand Tavernier - critique
ce film est un des plus beaux films de ma vie . La sensibilité de B. Tavernier est prodigieuse, la fuite du temps n’a jamais été aussi bien filmée , si émouvante .On s’attache à chaque personnage , si merveilleusement touchant.
finalement s’ennuyer ou pas en visionnant un film n’est qu’une affaire de sensibilité. Ainsi je ’ai jamais vu un film de Hichcock jusqu’au bout . ennui .