Le 21 avril 2019
Une vraie déception dans le si singulier parcours de Sagan. Affectation du style, banalité des personnages, le récit deçoit.
- Auteur : Françoise Sagan
- Editeur : Pocket
- Genre : Roman & fiction
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Résumé : Cancer des poumons... Le médecin est formel. Dans six mois, Matthieu Cazavel – 40 ans, architecte – sera mort et enterré... Cruauté suprême, septembre a aujourd’hui des allures estivales et Paris resplendit. Dès cet instant, Matthieu décide de démêler l’écheveau de sa vie. Aussi se tourne-t-il naturellement vers les femmes qui ont " peuplé " son existence : Sonia, sa ravissante et stupide maîtresse ; Hélène, l’épouse dont il s’est éloigné depuis longtemps ; Mathilde, la seule femme qu’il ait vraiment aimée et qui pourra peut-être modifier la piètre image qu’il a soudain de lui-même...
Notre avis : A la fin du texte, grand récit périphrastique de Françoise Sagan, Matthieu apprend par son docteur qu’il ne va pas mourir et que la médecine tout entière s’excuse du malencontreux diagnostic. Mais alors, mais alors, si le titre contient la clé de l’énigme, c’est que madame Sagan n’a pas fait très attention à ce qu’elle écrivait. A l’époque où le roman a été publié (1994), Angelo Rinaldi n’a pas manqué de le souligner avec la férocité qui lui était coutumière. En cela, il n’avait pas complètement tort. Finalement, Sagan aurait pu aller plus vite en besogne, réduire l’histoire au format qu’elle méritait : celui d’une nouvelle. Mais non. Il faut que l’auteur nous inflige les sempiternels atermoiements du coeur quadragénaire, que cet homme, architecte de profession (ben voyons !), marié, sans enfant, aimé des femmes, les aimant quasiment toutes, tiraillé entre Mathilde, Hélène et Sonia, nous livre, croyant parapher son grand testament sentimental. Son narcissisme, empreint de phallocratie, l’induit à des conjectures : qui prendra soin de lui, quand la santé aura décliné ? En vérité, on s’en fout un peu.
Et pourtant, Sagan a du talent, des fulgurances qui lui viennent de cette glorieuse époque où elle taquinait la tristesse avec ironie et grâce. On le sent. Mais si peu. Quand elle lâche la bride à son aisance littéraire, les chevaux de la rhétorique s’emballent (page 211 : "Toute une série de questions vaniteuse vinrent faire la révérence devant le trône où siégeait l’orgueil de Matthieu, mais avec une absence de charme et de chaleur qui les lui fit renvoyer aussitôt"). Plus guindé, tu meurs !
Un chagrin de passage - Françoise Sagan
220 pages
Edité par Plon-Julliard, 1994
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