Un amour éternel

Un mélo fiévreux entre classicisme et modernité. Comme ses personnages.

L’argument : Sadako n’a pas épousé l’homme qu’elle aimait. Ce dernier est parti à la guerre, et elle a été mariée de force à un homme influent à qui elle n’a pas pardonné. Mais celui qu’elle aime rentre de la guerre...

Notre avis : Exaltant, le film l’est dès son générique de début, rythmé par une musique flamenco. Rapidement, Un amour éternel se placera sous le signe de la passion ne tardant pas à dévoiler son intrigue de mélo, maîtrisée et assumée à souhait. Désirs contrariés et rancœurs enfouies, tout y est. Si le film finit par emporter l’adhésion, c’est grâce à la mise en scène de Kinoshita, fougueuse et lyrique. Assez âpre, aussi, quand il s’agit de donner à ressentir le désarroi des protagonistes. Arborant une structure temporelle complexe (le film, qui se déroule sur une période de trente ans, est divisé en cinq chapitres, comme autant de moments clés dans l’évolution des personnages), Un amour éternel entretien l’intérêt du spectateur en multipliant les rebondissements.
Au-delà du mélo, Kinoshita porte un regard intéressant sur le poids de la tradition et son impact sur la vie de ses personnages. Particulièrement écrasante, la tradition est ici source de conflits et de situations absurdes et vouées à l’échec. Afin d’éviter la redite, le cinéaste prend bien soin d’élargir son horizon en pointant du doigt les mutations de la société japonaise de l’époque. Ce désir d’ouverture se manifeste notamment à travers le personnage du fils, étudiant gauchiste pourchassé par les autorités. Même si, au final, la principale audace reste l’utilisation de la musique flamenco. Obsédante, elle offre au film juste ce qu’il faut de modernité et d’invention.

Le DVD

Les suppléments

Peu de bonus sur ce DVD : une présentation du film et des scènes commentées. La présentation du film prend le temps d’insister sur le contexte de production au début des années 60. Charles Tesson évoque ainsi la rupture introduite par la nouvelle vague japonaise avec l’apparition de cinéastes comme Nagisa Oshima. Le reste de la présentation analyse la construction du film et ses principales thématiques. Ces onze minutes sont extrêmement riches en informations. On ne peut pas en dire autant des scènes commentées qui se contentent, bien souvent, de décrire l’action. Le manque de profondeur de ces analyses de séquences déçoit immanquablement après la qualité de la présentation.

Image & son

Le noir et blanc est assez joli et idéalement contrasté. Mais la copie souffre de pas mal d’imperfections, tout particulièrement sur les premières minutes. De même, certaines scènes affichent un grain assez important. Rien à redire au niveau du son.