La mélodie des couleurs
Le 3 avril 2007
Le premier film japonais en couleurs est un divertissement excentrique qui ne vaut que pour son statut de curiosité.
- Réalisateur : Keisuke Kinoshita
- Acteurs : Chishū Ryū, Hideko Takamine, Shuji Sano
- Editeur vidéo : MK2 Video
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– Durée : 1h26mn
– Titre original : Karumen kokyo ni kaeru
Le premier film japonais en couleurs est un divertissement excentrique qui ne vaut que pour son statut de curiosité.
L’argument : Lily Carmen, danseuse de cabaret à Tokyo, revient dans sa campagne natale en robe rouge, bibi à plume et lunettes de star, accompagnée d’une amie et collègue. Son père est mortifié et la population est en émoi, mais les hommes du village regardent d’un œil plutôt curieux les deux jeunes délurées, surtout quand elles décident de monter un spectacle pour faire profiter les villageois des bienfaits de la culture urbaine moderne....
Notre avis : Carmen est le premier film japonais en couleurs. Rien que pour ça, il mérite un coup d’œil. Ce qui frappe d’emblée, c’est la maîtrise du cinéaste, sa capacité à utiliser la couleur pour donner de l’ampleur au récit . Annonciateur de tout un pan du cinéma japonais à l’esthétique délicieusement tapageuse, la couleur, déjà, s’y expose triomphante, sublimant la beauté verdoyante des paysages de montagnes. Dommage donc que le film ne dépasse jamais ce statut de curiosité ambulante.
Surprenant, il l’est à plus d’un titre. A commencer par son improbable histoire d’une danseuse de Tokyo qui décide de rendre visite à son visage natal. Le choc des mentalités se fait dans une bonne humeur tout à fait contagieuse et donne lieu aux meilleurs moments du film, à commencer par une scène de comédie musicale qui semble toute droit sortie de La mélodie du bonheur et de ses envolées champêtres. Un vent libertaire souffle indéniablement sur le film, qui choisit la caricature et l’approximation pour transmettre son message féministe. Car ici, les héroïnes se veulent fortes et, si elles ne sont pas toujours présentées à leur avantage, ce sont elles qui font avancer le récit en bousculant un univers masculin sclérosé, plutôt porté sur le statisme et le respect des conventions. Le conflit entre tradition et modernité, qui traverse l’œuvre de Kinoshita, est traité ici de manière assez superficielle. Une déception donc pour ce film qui finit par ne pas raconter grand-chose, mais qui le fait en couleurs. Et ça change tout !
Le DVD
Les suppléments
Le DVD contient une présentation de Charles Tesson, particulièrement instructive et pertinente, des scènes commentées (par Charles Tesson...) et un entretien de Kinoshita. Passons sur les scènes commentés, d’un intérêt relativement limité (le critique se contente de décrire ce qui se passe à l’écran) pour se concentrer sur l’entretien (18 minutes) du cinéaste. Il y expose sa vision de la femme en se moquant des femmes qui cherchent à imiter les hommes en se consacrant à leurs vies professionnelles. Ce type de discours, pour le moins inattendu, saborde totalement la portée féministe de Carmen. Cette interview, qui semble aller à contre-courant des idées défendues par le film, apparaît particulièrement décevante.
Image & son
Le résultat est assez frustrant. L’essentiel est sauf et les couleurs sont particulièrement vives. Dommage donc, que la vision du film soit en partie parasitée par des défauts de la copie (changements de luminosité assez fréquents, points blancs). Le rendu sonore reste correct.
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