Tu n’as rien vu à Nagasaki
Le 12 avril 2007
Une œuvre digne, à la hauteur de son sujet.


- Réalisateur : Keisuke Kinoshita
- Acteurs : Gō Katō, Yukiyo Toake
- Genre : Drame
- Nationalité : Japonais
- Editeur vidéo : MK2 Video

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– Durée : 2h08mn
– Titre original Kono ko wo nokoshite
Une œuvre digne, à la hauteur de son sujet.
L’argument : Le docteur Nagai, rescapé de Nagasaki, souffre des effets des radiations nucléaires. Il décide d’écrire ses mémoires. Son fils se souvient...
Notre avis : Si le sujet de la bombe atomique est rarement abordé par le cinéma japonais, celui-ci a su développer tout un attirail narratif permettant de contourner le tabou. La manifestation la plus spectaculaire en est sans doute le genre du kaiju eiga, films de monstres mettant en scène l’anéantissement de la planète par des animaux mutants, symboles de la destruction de la nature. Les films d’animation, eux aussi, se sont chargés de nous abreuver de visions d’apocalypse en dénonçant constamment les dérives de la science. Avec Les enfants de Nagasaki, Kinoshita aborde frontalement la question de la bombe en adaptant un roman autobiographique de Takashi Nagai.
La première partie du film peut faire penser au Tombeau de lucioles dont les premières scènes décrivaient le quotidien de deux enfants japonais pendant la guerre entre exploration de la campagne environnante (majestueuse de sérénité) et allers-retours dans les abris, au rythme des alertes. Le calme avant la tempête qui, chez Kinoshita, ne tardera pas à s’abattre, imprévisible et foudroyante. Le reste du film s’attache à la question de l’après, de la survie dans un univers dévasté d’où l’innocence est définitivement bannie. La réponse de Kinoshita, à la fois lucide et douloureuse, passe par l’apprentissage de la vie de ces jeunes enfants forcés de constater la dureté du monde et de ce qui les attend. C’est bien sûr vers eux qu’il faut se tourner pour comprendre le message du film et entendre la voix du cinéaste. Les enfants de Nagasaki est toutefois quelque peu chahutée par la fin, nécessaire (et brutale) irruption du présent dans le récit. On imagine Kinoshita écrasé par le sujet de son film et sa volonté d’être à la hauteur de son message pacifiste. S’il y parvient, c’est au prix d’un certain académisme un peu plombant qui constitue la principale limite du film.
Le DVD
Les suppléments
La préface de Charles Tesson, d’une durée de 12 minutes, revient sur les rapports entre la bombe nucléaire et le cinéma japonais et les particularités du film de Kinoshita. Comme d’habitude dans ce cycle Kinoshita proposé par MK2, cette introduction est très documentée et apporte un éclairage intéressant sur le film. On ne peut pas en dire autant des scènes commentées qui, sur une durée assez longue (22 minutes pour trois scènes) ne nous apprend pas grand-chose de nouveau. La scène de l’exploision, découpée de manière plus dynamique, donne lieu à une analyse plus précise. Enfin, le DVD propose un entretien de Kinoshita, de 19 minutes, réalisé avant le tournage du film. Après quelques minutes montrant Kinoshita en plein repérage des décors du film, celui-ci explique ce qui l’a intéressé dans cette histoire.
Image & son
Une jolie copie, plutôt propre, malgré un grain assez prononcé. Quelques petits problèmes d’encodage dans les passages sombres. Les couleurs, un brin désaturées, rendent bien compte des paysages de désolation du Nagaski d’après la bombe. Le son mono est clair et ne souffre d’aucun défaut particulier.