Le 29 avril 2021
Philippe Harel revisite le trio amoureux, en assourdissant tous les conflits potentiels. Pas toujours réussi, mais globalement intéressant, surtout la dernière partie.
- Réalisateur : Philippe Harel
- Acteurs : Brigitte Fossey, Xavier Lemaître, Isabelle Carré, Roxane Arnal, David Stone
- Genre : Drame, Téléfilm
- Nationalité : Français
- Distributeur : Arte
- Durée : 1h30min
- Date télé : 29 avril 2021 13:35
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 5 octobre 2018
Résumé : Julien et Marie sont mariés et parents d’un adolescent, Mathias. C’est un couple heureux et uni. Puis Julien rencontre la jeune Alice et entame avec elle une relation adultère dont les conséquences s’avèreront cruelles. Les trois aiment, souffrent, sont sincères mais trichent et mentent.
Critique : Le couple disponibilité sentimentale/incertitude professionnelle n’est pas franchement nouveau dans la catégorie du film sensible à la française. Ici, le binôme impacte le comportement d’Alice qui ne cesse de s’excuser lorsqu’elle visite des appartements, accompagnée par Julien, un agent immobilier plutôt patient. Les fils du drame à venir s’entrelacent dans un crescendo sentimental, puisqu’au gré de ses investigations, la jeune femme trouve de plus en plus aimable son interlocuteur élégant, à qui elle propose finalement un verre pour raconter sa vie et s’enquérir de la sienne, avant de l’embrasser pour de bon dans un loft que lui fait visiter Julien et qu’elle n’habitera jamais. Mais le lieu sera l’écrin de leur histoire.
Le film se concentre d’abord sur la relation "illégitime", reléguant dans le hors-champ la situation maritale, différant les effets désagréables qu’engendrera la liaison sur l’existence des personnages. La rupture précoce entre les deux amants profile évidemment son annulation immédiate, nourrie par le manque, le désir de se retrouver. Le reste appartient, dans un premier temps, à une dramaturgie prévisible où chacun joue sa partition clicheteuse, en fonction de son âge : la vingtaine féminine minaude rivée sur son portable, la cinquantaine rassurante et virile couvre la relation d’une sagesse paternelle, la bonne copine de l’héroïne s’insurge évidemment contre les penchants d’Alice pour un homme plus vieux qu’elle ("Franchement, tu me déçois"), l’ado du couple marié résiste par une forme d’indolence et de tendance au désaccord.
La deuxième partie imagine une manière de provocation aux fins de vinaigrer la batavia : l’amante défie l’épouse Marie sur son propre terrain, en l’occurrence un salon de thé qu’elle dirige. Alice y sera temporairement serveuse et se délectera à avoir un coup d’avance sur sa rivale, jusqu’à ce que, par l’intermédiaire d’une sorte de deus ex machina qu’on ne dévoilera pas, Marie reprenne la main. Le dernier segment s’avère le plus intéressant : alors que le contexte laisse augurer un affrontement psychologique entre les deux femmes, Philippe Harel délaisse cette bifurcation pour explorer ce qui semble l’apparente vengeance d’une épouse blessée, dans l’intimité même du couple, mais dont l’origine paraît plus lointaine encore, frayant avec des zones de perplexité que le récit laisse affleurer, sans jamais les explorer. Le mystère s’épaissit, Un adultère se bonifie au contact d’une sensation de malaise.
Philippe Harel dirige Isabelle Carré vingt ans après La femme défendue, et il trouve dans l’interprétation murmurée de Roxane Amal une sorte d’imitatrice parfaite avec une ressemblance physique évidente, comme un clin d’œil générationnel. Xavier Lemaître, lui, incarne de façon convaincante un homme intrinsèquement déchiré.
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Marcelline 18 avril 2020
Un adultère - Philippe Harel - critique
J’ai adoré ce film d’une grande sensibilité. Philippe Harel, comme à son habitude, sait nous apporter de l’émotion de façon pudique et tellement juste. Rien n’est exagéré ni fabriqué. C’est un pur moment de finesse et d’intelligence. Et quel plaisir de retrouver Isabelle Carré 25 ans après La femme défendue, un autre chef d’oeuvre de ce réalisateur génial et discret !!! Merci à lui.