Le 30 août 2024
Elisabeth Brooke et David Blowney Brown ont rédigé les essais de ce catalogue sur l’exposition « Turner, le sublime héritage, Dialogue avec des artistes contemporains » qui s’est déroulée au Forum Grimaldi à Monaco, du 6 juillet au 1er septembre 2024. L’occasion de découvrir l’œuvre impressionnante de l’artiste, des aquarelles sur carnet aux peintures de grandes dimensions.
- Auteurs : Elisabeth Brooke, David Blayney Brown
- Editeur : Hazan
- Genre : Beaux Arts
- Nationalité : Française
- Traducteur : Catherine Petit, Sandra Hübschen, Paul Buck
- Date de sortie : 3 juillet 2024
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
L'a lu
Veut le lire
Résumé : « Turner, le sublime héritage » revient sur l’œuvre de Joseph Mallord William Turner (1775-1851), un peintre en avance sur son siècle, qui préfigura l’impressionnisme, le symbolisme et d’autres mouvements artistiques. Ses peintures sont mises en lien avec les travaux de plusieurs artistes contemporains : John Akomfrah, Edward Burtinsky, Peter Doig, Olafur Eliasson, Howard Hodgkin, Roni Horn, Richard Long, Lisa Milroy, Cornelia Parker, Katie Paterson, Laure Prouvost, Mark Rothko, Wolfgang Tillmans, James Turrell et Jessica Warboys.
Critique : Le catalogue débute par deux gros essais. Le premier traite du rapport de Turner avec la notion de sublime, posée par des critiques et penseurs anglais du dix-huitième siècle. Le second aborde les créations des dernières années de la vie du peintre. Puis arrivent les œuvres proprement dites, classées en huit chapitres. A chacun d’entre eux correspond une salle dans l’exposition, une introduction sur la thématique abordée, puis on peut voir les toiles de Turner, la présence d’un ou plusieurs artistes contemporains et des textes présentant l’influence de l’artiste sur leurs travaux. Et bien sûr, des reproductions de ces travaux sont intégrées dans l’ouvrage.
On peut regretter l’absence des petits cartons explicatifs accompagnant certaines œuvres, qui apportent énormément de détails, notamment techniques.
Mais les magnifiques reproductions valent le détour. Parcourir les aquarelles de Turner, ses peintures à l’huile, voir son évolution au fil des décennies, s’avère particulièrement dépaysant. En effet, on touche à la notion de sublime, fondée sur les émotions fortes que font naître en nous les forces de la nature et leurs représentations, dans ce qu’elles ont de beau et d’effrayant.
Détail de Tempête de Neige, vapeur à l’entrée d’un port, 1842, de J.M.W. Turner
Copyright Hazan 2024
Turner peint de tranquilles clairs de lune sur des lacs paisibles et des mers déchaînées brisant des navires comme de simples bouts de bois. Sa force tient à ce travail acharné qu’il mena tout au long de sa vie pour représenter l’atmosphère, les lumières, les ambiances. D’abord figurative, sa création se rapproche peu à peu d’une forme d’abstraction. Le sujet, paysage ou ville, n’a plus d’importance, seuls les éléments comptent : cieux, reflets, couleurs.
Le parallèle avec des artistes contemporains se comprend donc aisément par cet abandon progressif du figuratif classique. Les textes qui évoquent la création des modernes permettent de saisir la filiation avec Turner, par leur manière de percevoir la nature, le monde. Toutefois, leurs œuvres peuvent sembler plus déconcertantes, même si le catalogue parvient à établir un parallèle évident, proposant sur des double pages les détails de toiles de Turner en vis-à-vis de productions plus récentes.
A gauche, détail de Bateau dans la tempête, vers 1826 de J.M.W. Turner, et à droite, détail de Sea Painting, Birling Gap, 2017 de Jessica Warboys.
Copyright Hazan 2024
Ces rapprochements contribuent à cerner l’influence de Turner sur les artistes d’aujourd’hui.
Le recueil propose aussi quelques interviews de ces créateurs, qui s’expliquent sur leur rapport à l’art, au peintre, au monde.
Cependant, certaines de ces œuvres impressionnent davantage par leur dimension conceptuelle que par leur état final. Lire un article qui aborde la création ainsi que les thèmes explorés suscite un effet d’attente déçu par la découverte des toiles ou des images.
Mais il reste des créations magnifiques auxquelles un catalogue papier rend difficilement justice, comme le film tri-écran de John Akomfrah ou les photographies géantes de la Tamise de Roni Horn annotées de phrases qui suscitent la réflexion.
Turner, le sublime héritage est une magnifique porte d’entrée dans l’œuvre de l’artiste et tout ce qu’elle a de moderne. Elle est aussi un beau moyen de découvrir certains des grands créateurs contemporains d’aujourd’hui.
240 pages – 39€
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.