Notre amour nous gavera ad nauseam
Le 14 juillet 2011
L’amour à l’aube du troisième âge ? Cela vaut bien une romance avec William Hurt et Isabella Rossellini..
- Réalisateur : Julie Gavras
- Acteurs : Isabella Rossellini, William Hurt, Doreen Mantle
- Genre : Comédie romantique
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 13 juillet 2011
- Festival : Brussels Film Festival
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Durée : 1h28mn
Julie Gavras s’interroge avec délicatesse et légèreté sur la difficulté d’aimer une personne éternellement, à l’orée du troisième âge. C’est avec beaucoup de plaisir que l’on retrouve l’acteur de premier plan d’alors William Hurt, qui forme un bien joli couple avec l’ancienne icône de beauté Isabella Rossellini.
L’argument : Dans une comédie romantique, un homme et une femme s’aiment mais tout les oppose. Alors, malgré la force des sentiments, ils se séparent pour mieux se retrouver. C’est ce qui va arriver à Mary et Adam. Mais Mary et Adam n’ont pas les habituels vingt ou trente ans, ils en ont presque soixante. Cette soixantaine élégante et dynamique de notre époque. Celle qui gère brillamment enfants, petits-enfants, travail et amis avec son cortège de soucis ou de joies. Jusqu’au jour où ils réalisent qu’ils font désormais partie de la catégorie senior... à leur grande surprise... Et ils réagissent de façon tout à fait opposée. Adam est frénétique, dans l’action et le déni. Il a une crise de « jeunisme ». Mary, elle, décide d’affronter la situation en faisant ce qu’elle sait faire de mieux : s’occuper de son mari et de sa famille. Mais sa volonté de bien faire est excessive. Et sa « préparation à la vieillesse » effraye son entourage. Bientôt, le clash est inévitable et la séparation inéluctable. Enfants, petits-enfants, parents et amis vont tenter de les réconcilier... mais c’est finalement la vie qui va s’en charger...
Notre avis : Chez les Gavras, de manière moins prononcée que chez les Coppola, le talent se transmet de père en fils, voire plus encore en fille. Tout à l’opposé de la provocation affichée par Romain Gavras dans le violent et vain Notre jour viendra, il est plus sobre, plus maîtrisé, plus consensuel quand il a trait à la sensibilité féminine de l’unique descendante respective de ces grands cinéastes palmés. Si, mieux que quiconque, Sofia Coppola la capte à merveille, Julie Gavras, avec ce second film (après La faute à Fidel), n’est pas en reste puisqu’elle fait mouche pour instaurer d’emblée un climat de profond malaise existentiel au sein du couple de jeunes soixantenaires qu’elle met en scène. À ce propos, la scène initiale est révélatrice du fossé grandissant entre Mary (Isabella Rossellini) et Adam (William Hurt). Alors que les applaudissements répondent au couronnement professionnel d’Adam, architecte de renommée internationale, la caméra se focalise sur Mary, tapie dans l’ombre, qui mérite autant de gratitude pour le dévouement sans bornes dont elle a toujours fait preuve à l’égard de son mari.
À la vitesse avec laquelle les années passent, la réaction ne se fait pas attendre. Tout est question de construction ; encore faudrait-il se rejoindre sur la portée étymologique que chacun lui accorde. Pour Adam, elle trouve sa signification dans le métier qu’il exerce (il n’est pas architecte pour rien), tandis que pour Mary, elle a toujours été axée sur la complicité avec ce dernier qui lui a donné trois beaux enfants. Ceux-ci mettront tout en œuvre pour maintenir en place l’édifice fragile sur lequel repose leur amour... En adéquation avec les mentalités de son époque (l’augmentation de l’espérance de vie, l’indépendance de la femme, la nécessité de séduire, l’infidélité galopante et j’en passe), Julie Gavras vise juste. Mais l’incontestable artisan de cette réussite est William Hurt qui n’est jamais aussi bon que quand il est perçu par l’œil d’une femme (son jeu sobre et sans fioritures avait déjà fait merveille chez Chantal Akerman et Tonie Marshall).
Sans aucun doute, les références renvoient à Woody Allen et à Scènes de la vie conjugale de Bergman ; la gravité en moins et la candeur en plus. N’en déplaise à ce marivaudage doux-amer qui hésite perpétuellement entre solennité et humour ; petit à petit, il finit par trouver sa vitesse de croisière pour se conclure en apothéose. Vous l’aurez compris, en période de vaches maigres que constituent les grandes vacances, Trois fois 20 ans fait figure d’exception culturelle face à l’overdose de blockbusters plus explosifs les uns que les autres. Loin d’avoir l’aura de la réalisatrice du récent Somewhere, quelque part, la fille du metteur en scène de Z continue de grandir...
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