En roux libres
Le 14 septembre 2010
Road movie/Roux movie qui ne sent pas tant le roussi que ça. Premier long-métrage intéressant mais finalement assez sage de Romain Gavras.
- Réalisateur : Romain Gavras
- Acteurs : Vincent Cassel, Olivier Barthélémy
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 15 septembre 2010
- Plus d'informations : Le site officiel du film
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– Durée : 1h30mn
Road movie/Roux movie qui ne sent pas tant le roussi que ça. Premier long-métrage intéressant mais finalement assez sage de Romain Gavras.
L’argument : Patrick et Rémy n’ont ni peuple, ni pays, ni armée : ils sont roux.
Ensemble, ils vont combattre le monde et sa morale, dans une quête hallucinée vers l’Irlande et la liberté.
Notre avis : Franchement on pouvait craindre le pire. Les dernières productions de Romain Gavras s’étaient, à notre avis, éloignées de l’esprit originel de Kourtrajmé, dont le rejeton du réalisateur de Z est issu. Originalité, absurdité, humour, mise en scène inventive et punchy, avaient permis à ce collectif de définir les contours d’une mythologie réjouissante de la banlieue. Puis vint Stress, le clip de Gavras pour Justice, il y a deux ans. Grosse polémique, les deux membres du groupe semblent dépassés par les événements tandis que le jeune cinéaste se réfugie dans le silence, préférant laisser toutes les interprétations et autres récupérations (par le FN notamment) se propager comme de sales virus. Sans doute inconscient du tort qu’il a pu causer, Gavras s’est surtout fourvoyé dans les clichés d’une autre mythologie, celle du journal de 13h de TF1.
Heureusement, rien de tout cela dans ce premier long-métrage, qui dépasse largement les deux premiers essais de son collègue Kim Chapiron, le foutraque Sheitan et le banal Dog pound. L’intelligence de Gavras est d’avoir su déplacer sa caméra dans la région Nord en créant une inquiétante étrangeté sans pour autant jouer sur les fantasmes populaires inhérents à cette région. Comme il le faisait justement pour la banlieue avec Kourtrajmé. Le climat du film est joyeusement malsain, le cinéaste faisant montre d’un humour féroce servi par le cabot Cassel (sosie saisissant de Daniel Emilfork dans la dernière partie) et d’une poésie visuelle désespérée grâce notamment à un sens du cadre épatant. Le délire paranoïaque et gentiment absurde des deux protagonistes relève plus de la maladie mentale que d’une quelconque persécution anti-roux. Ne nous y trompons pas, l’histoire qui nous est contée n’est en aucun cas une parabole sur l’intolérance. Non merci, ce n’est pas le lieu pour cela. C’est avant tout une histoire qui nous dépeint la relation ambigüe entre deux hommes qui finissent par s’envoyer en l’air, mais pas comme on aurait pu l’imaginer. Le tandem Cassel/Barthélémy est remarquable et s’inscrit dans la lignée du duo des Valseuses Depardieu/Dewaere (le personnage de Cassel ne s’appelle pas Patrick pour rien). C’est à se demander si Romain n’est pas plutôt le fils de Bertrand Blier !
Un léger bémol vient tout de même gâcher l’affaire. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, et contrairement à ses ambitions revendiquées, Gavras est resté plutôt sage dans sa volonté de bousculer les repères du spectateur. Certes, au fil du métrage, le cinéaste tend vers l’abstraction mais pas assez à notre goût. De la gentille provoc’ et une conduite de récit raisonnable rendent ce premier essai tout à fait fréquentable, loin du foutoir que nous ne souhaitions pas, mais également loin des théories « révolutionnaires » de l’auteur que nous espérions voir illustrées à l’écran. La prochaine fois peut-être ?
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