Le 22 septembre 2022
En adoptant un niveau d’exigence formel exceptionnel, Gavras réussit un film qui émeut autant qu’il impressionne.


- Réalisateur : Romain Gavras
- Acteurs : Ouassani Embarek , Alexis Manenti, Anthony Bajon, Dali Benssalah, Sami Slimane
- Genre : Drame, Action, Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : Netflix
- Durée : 1h37mn
- VOD : Netflix
- Date de sortie : 23 septembre 2022
- Festival : Festival de Venise 2022
Résumé : Dans la cité Athena, le jeune Idir vient de mourir lors d’une intervention policière. L’affaire met le feu aux poudres et la cité s’embrase. Karim, son aîné, est déterminé à retrouver les coupables à n’importe quel prix…
Critique : Athena s’inscrit dans une lignée de films qui traitent des violences urbaines prenant place dans une cité, laquelle donne ici son nom au titre. En tête vient le salué Les Misérables, de Ladj Ly, qui coécrit le scénario d’Athéna, en 2019. Pourtant, gardons-nous de comparer le troisième film de Gavras à son illustre prédécesseur outre mesure. Si la filiation avec le film de Ly est claire, ce dernier participant au projet et étant membre prépondérant du collectif Kourtrajmé cofondé par Gavras, Athena adopte un ton radicalement différent.
Tout en assumant de grandes ambitions esthétiques et en traitant son récit comme une tragédie qu’on aurait jouée en Grèce antique, le film captive par sa dimension immersive. Sans surprise, de nombreux plans-séquences viennent étouffer le spectateur et enfermer les personnages. Poseur, ou démonstratif ? On pourrait le craindre au cours de l’ouverture du film, mais tous les partis pris de mise en scène, y compris quand le montage s’accélère et les cadres se resserrent, sont justifiés par la narration. Celle-ci fait preuve d’une belle justesse, alternant avec aisance déclarations d’amour susurrées au téléphone, et discours de guerre grandiloquents.
- ©Netlix
C’est bien un air de fin du monde que Gavras insuffle à son Athena. Un air de fin du pays, filmé au bord, puis au cœur de l’implosion. Une France écartelée, qu’une allumette peut embraser. Une grande force du film tient dans ses choix narratifs de départ, avec trois frères aux destins et points de vue différents. Chacun fait vivre sa nuance. Gavras réussit à mêler à ces visions du monde celle d’un « condé », âme perdue en uniforme de CRS au milieu du chaos, qui ajoute sa vulnérabilité à la rage de la fratrie déchirée. Dès lors le film possède une saveur spéciale. Au centre de la poudrière, Gavras prend le temps d’humaniser chacun de ses personnages, sans ériger personne en héros, ni traiter personne en ennemi.
- © 2021 Netflix, Inc.
À l’aide d’acteurs habités, l’émotion se fraie un chemin au milieu du vacarme. En cela, la volonté d’aborder le sujet sous la forme d’un drame familial de grande ampleur prend tout son sens. L’amour comble les fossés comme il peut, mais la haine aiguise patiemment sa lame.
Gavras filme la cité comme un théâtre à ciel ouvert, et renouvelle la grammaire visuelle de films qui jusque là peinaient à prendre autant d’ampleur. Le théâtre d’une guerre ouverte, dont l’aspect inévitable se dégage d’une l’atmosphère crépusculaire maîtrisée à la perfection. Surtout, Gavras assume. Il assume la dimension opératique de son œuvre, mais aussi d’essayer d’en faire une marquante. Difficile de dire qu’il n’y parvient pas.
Fetuque 2 février 2023
Athena - Romain Gavras - critique
Film impressionnant, haletant, déstabilisant, le chaos, la haine et un brin d humanité qui essaie de pousser de temps en temps...
Des plans magnifiques, un son à couper le souffle, des acteurs tellement touchants, une ambiance de feu !!
Superbe film