Mieux que les trois histoires de l’au-delà
Le 22 mai 2010
Trois segments gravement intenses qui font mal aux mirettes et aux méninges. Emmenez vos sacs à vomi.
- Réalisateurs : Takashi Miike - Park Chan-wook - Fruit Chan
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Japonais, Sud-coréen
- Editeur vidéo : Wild Side Video
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– Durée : 2h10mn
– Titre original : Three... extremes
Trois segments gravement intenses qui font mal aux mirettes et aux méninges. Emmenez vos sacs à vomi.
L’argument : Dans le premier, une femme délaissée par son mari tente de se faire une seconde jeunesse en dégustant les beignets à base de fœtus de tante Mei ; dans le second, un réalisateur et son épouse sont séquestrés par un étrange individu ; dans le troisième, une écrivaine se remémore des bribes de son passé et refait dans ses rêves le puzzle de sa vie. L’horreur à son paroxysme.
Notre avis : Il y a deux ans, nous avions pu découvrir sur nos écrans français Trois histoires de l’au-delà, petit film à sketches qui regroupait trois moyen-métrages de pays différents : un coréen (Souvenirs), un thaïlandais (La roue) et un chinois (Chez nous). Chacun abordait les thèmes de la mort et du contact qu’entretiennent les fantômes avec le monde des vivants, avec des styles et des sensibilités dissemblables.
Three... extremes reprend le même principe sauf que la qualité est comparativement supérieure. Les segments sont moins inégaux et les réalisateurs ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Le second segment baptisé Box et signé par Takashi Miike (Audition) repose sur une ambiance trouble. Sur un sujet cérébral (plongée dans le subconscient d’une écrivaine en proie au mal-être en raison d’un passé douloureux qui écrase son cerveau et l’empêche d’être heureuse), Miike met en scène un superbe univers mental où le passé et le présent se rejoignent et se confondent pour mieux briser les erreurs du passé. En mettant en résonance le si chaud et le si froid, le cinéaste stakhanoviste transcende une histoire de fantômes d’une complexité remarquable.
Le premier, Dumplings impose un climat languissant et doucereux. Moins tranchant que les deux autres et pas nécessairement meilleur. En faisant pénétrer le fantastique dans le quotidien d’une femme en plein dérèglement, Fruit Chan scrute les maux d’un personnage qui se remet gravement en question sur ses relations avec son conjoint. Il en émane une allégorie perverse sur l’usure des sentiments et le temps qui passe. La photographie de Christopher Doyle (chef-opérateur attitré de Wong Kar-wai) ajoute au mystère. -----
Le meilleur reste Cut de Park Chan-wook, réalisateur du terrassant Old boy, un segment d’une cruauté absolue qui exploite la thématique du cinéaste sud-coréen (obsession, vengeance...) qui se met en scène lui-même dans une mise en abyme vertigineuse où ses obsessions se cognent à ses propres angoisses. En narrant cette histoire tordue d’un metteur en scène aux prises avec un malade frustré qui a collaboré avec lui par le passé, qui le séquestre et le soumet à d’étranges questions ; en plongeant ses personnages dans des contextes extrêmes, Park Chan-wook s’interroge sur la part sombre contenue en chaque bipède avec la même absence de concession que Michael Haneke et son terrible Funny games. Le final pessimiste est en parfaite logique avec un propos excessif qui tend à montrer la perte de l’humanité au profit de la bestialité. En dépit d’un discours social martelé avec un tantinet de démonstration pataude, ce mini-film horrible, excellemment réalisé, vacille entre angoisse et absurde, rires jaunes et grincements de dents. De beaux cauchemars, oui.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Aucun bonus dans l’édition simple.
Image & son : Excellente image qui a le mérite de s’accommoder de trois styles artistiques très différents. Et pourtant, le transfert est impeccable avec des couleurs d’une brillance et d’une précision sidérante. Les pistes sonores (du Dolby Digital 5.1 et du DTS) proposent une qualité d’écoute rare avec une limpidité qui fait plaisir aux tympans. C’est cristallin.
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