Une adaptation de Cocteau très personnelle, par Georges Franju
Le 2 mai 2020
A Paris, au debut de la Première Guerre mondiale, une princesse veuve et riche décide d’organiser, dans son hôtel particulier, le rapatriement de soldats blessés au front.


- Réalisateur : Georges Franju
- Acteurs : Emmanuelle Riva, Jean Servais, Michel Vitold, Jean-Roger Caussimon, Rosy Varte
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Compagnie Commerciale Française Cinématographique (CCFC)
- Editeur vidéo : René Chateau vidéo
- Durée : 1h25mn
- Date de sortie : 5 mai 1965

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Résumé : Paris, début de la guerre de 14 : Une riche veuve, la princesse de Bornes (Emmanuelle Riva) donne un bal mondain dans son hôtel particulier. Son ami Pesquel-Dupond (Jean Servais), directeur de journal influent, la prévient du danger d’une invasion allemande dans la capitale. Celle-ci, non seulement ne veut pas quitter Paris, mais va se lancer avec la Croix-Rouge dans l’hébergement chez elle de soldats blessés.
Critique : Adapté du roman de Jean Cocteau, qui a pu participer au scénario avant de mourir, le film présente la guerre comme un théâtre non dénué d’une certaine féerie. En fait, c’est la vision de Thomas (Fabrice Rouleau) qui s’exprime par les yeux du cinéaste. Le jeune homme fantasque et rêveur va séduire, par sa singularité, la princesse et sa fille Henriette (Sophie Darès).
Le parti pris poétique quasi surréaliste de l’auteur confère au film en noir et blanc une ambiance étrange, où les acteurs un peu figés semblent réciter leur texte plutôt que de l’interpréter.
Cette ambiance peut tout à fait séduire ou agacer le spectateur. Les personnages semblent traverser les lieux touchés par la guerre, sans prendre part aux événements. C’est particulièrement vrai pour la princesse, dont on se demande si elle se sent concernée, et Thomas qui se croit invincible et investi d’une sorte de mission.
Comme à son habitude, Georges Franju nous gratifie de plans exceptionnels et marquants : les papiers qui s’envolent devant l’hôtel particulier devant un groupe de personnes indifférentes, le visage de l’évêque (Jean-René Caussimon) qui se découpe longuement sur la vitre arrière d’un tacot, ou encore, dans la ville bombardée, un cheval qui galope avec la crinière en feu.
Le jeu si particulier des acteurs que l’auteur affectionne est ici porté à son paroxysme pour ses deux comédiens principaux : l’interprétation d’Emmanuelle Riva est franchement étonnante, mais forcément voulue et assumée, quand on connaît son talent. Pour Fabrice Rouleau, c’est différent : dans un rôle important, il semble carrément décalé, mais il n’a pas eu la chance, lui, de s’appuyer sur un talent qui, en vérité, lui manque cruellement.