L’hommage de Georges Franju aux films à épisodes de Louis Feuillade, tournés en 1916
Le 1er mai 2020
Le banquier Favraux est menacé de mort par le mystérieux Judex, au moment où il organise les fiançailles de sa fille. Un hommage à demi réussi au cinéma d’aventures du muet.
- Réalisateur : Georges Franju
- Acteurs : Édith Scob, Michel Vitold, Sylva Koscina, Francine Bergé, Jacques Jouanneau
- Genre : Fantastique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Comptoir Français du Film (CFF)
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 4 décembre 1963
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Résumé : Dans son château le banquier Favraux (Michel Vitold) reçoit une mystérieuse lettre signé Judex, lui intimant de distribuer sa fortune aux pauvres. Évidemment, il n’en fera rien. Il vient d’embaucher le détective Cocantin (Jacques Jouanneau) pour sécuriser les fiançailles de sa fille Jacqueline (Edith Scob), qui doit se fiancer le lendemain. Lors de la fête masquée, un curieux prestidigitateur fait apparaître des colombes. A minuit, alors qu’il entame un discours pour ses invités, Favraux s’écroule, foudroyé.
Critique : Par ce film, Georges Franju rend hommage aux films à épisodes de Louis Feuillade, qui eurent beaucoup de succès à l’époque. Afin de mener à bien son projet, il a fait appel, pour la rédaction du scénario, à Jacques Champreux, le petit-fils de Feuillade et à Francis Lacassin, spécialiste de la bande dessinée.
Judex est un mystérieux justicier vêtu d’une cape, qui lutte contre le banquier véreux Favraux. Cette configuration renvoie aux thèmes récurrents des films de divertissement, tels qu’en offrit la première époque du cinéma muet.
Le long métrage reprend les mêmes ingrédients, quasiment au pied de la lettre, pour raconter une histoire totalement abracadabrante, faite de rebondissements.
En revanche, curieusement, le récit s’attache plus aux deux personnages féminins, Diana/Marie (Francine Bergé) et Jacqueline (Edith Scob).
La première, soi-disant préceptrice, s’avère en fait une redoutable aventurière qui cherche par tous les moyens à mettre la main sur la fortune de Favraux. Celle-ci use de tous les déguisements : costume sage d’institutrice, robe de bonne sœur ou encore combinaison noire moulante de voleuse portant un loup. L’interprétation de Francine Bergé densifie la froideur et la détermination de la protagoniste.
La seconde, fille du banquier, toute en douceur, défend son père peu recommandable, mais refuse un quelconque héritage : souvent vêtue de blanc, Edith Scob, fidèle du réalisateur, y est parfaite, calme et réservée en toutes circonstances.
Si Jacques Jouanneau et Michel Vitold sont impeccables, on ne peut pas en dire autant de Channing Pollock, probablement meilleur magicien qu’acteur, qui n’a aucune épaisseur et affadit complètement le personnage de Judex. On peut aussi s’interroger sur la présence de Théo Sarapo (dernier compagnon d’Edith Piaf), empêtré dans son petit costume et qui semble réciter son texte. Il ne tourna heureusement que deux films !
Si l’on fait abstraction de ces faiblesses scénaristiques et de ces erreurs de casting, on assiste à certaines scènes de toute beauté, rehaussées par un superbe noir et blanc dû à Marcel Fradetal : on mentionnera en particulier la séquence du bal, mystérieuse et inquiétante, avec tous ces personnages masqués par des têtes d’oiseaux, les plans du château Gaillard qui est le repaire de Judex, les hommes de main qui grimpent un mur à mains nues, la lutte sur les toits entre Diana en collants noirs et Daisy l’acrobate (Sylva Koscina) qui est, elle, en collants blancs.
Georges Franju, s’il rend un bel hommage au cinéma muet de Feuillade n’a, pour une fois, réussi son film qu’à moitié. Certaines invraisemblances maladroites et l’emploi de deux mauvais acteurs dans des rôles majeurs affaiblissent tout de même le propos.
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