Le 1er mai 2020
Thérèse Desqueyroux, mal mariée dans un milieu bourgeois provincial strict, tente d’empoisonner son mari. Une adaptation à la fois fidèle et très personnelle de l’œuvre de François Mauriac, par Georges Franju.
- Réalisateur : Georges Franju
- Acteurs : Philippe Noiret, Édith Scob, Emmanuelle Riva, Sami Frey
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Editions René Chateau, Twentieth Century Fox France
- Durée : 1h47min
- Date de sortie : 21 septembre 1962
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Résumé : A la sortie du tribunal d’Argelouse dans les Landes, un avocat (Jacques Monod) et sa cliente (Emmanuelle Riva), ne semblent pas se réjouir du verdict de non-lieu obtenu. La cliente, Thérèse Desqueyroux a tenté d’empoisonner son mari Bernard (Philippe Noiret), mais le témoignage de celui-ci l’a mise hors de cause. Dans la voiture qui la ramène chez elle, Thérèse se remémore les moments importants de sa vie.
Critique : Le film a été adapté avec le concours des Mauriac, père et fils, d’après le célèbre roman de François Mauriac.
Dans son style désormais reconnaissable, Georges Franju met en images avec justesse le célèbre roman, qui dénonce les carcans de la bourgeoisie, ici en particulier celle des Landes.
Thérèse qui se marie, un peu par obligation, un peu pour le confort d’une vie aisée, s’aperçoit le jour même de son mariage qu’elle n’aime pas ce mari très conformiste, pas plus qu’il ne l’aimera. Lui, terrien, attaché plus que tout aux conventions et elle, cultivée, rêveuse, et cherchant une certaine indépendance, n’ont rien pour s’entendre.
Deux scènes illustrent admirablement bien le non-sens de cette union : le jour des noces, une fois tous les invités entrés dans l’église, quelqu’un claque la porte : l’expression de Thérèse, surprise par le bruit, donne la sensation qu’elle a entendu une porte de prison se refermer. Plus tard, dans leur demeure, après le dîner où ils se font face, Bernard déplace ostensiblement sa chaise vers la cheminée, tournant ainsi le dos à son épouse, ne lui prêtant même plus attention, pour lire son journal et s’endort cinq minutes plus tard.
La seule bouffée d’oxygène dont Thérèse bénéficie dans ce monde figé, c’est sa rencontre avec Jean (Sami Frey), le prétendant malheureux de sa belle-sœur Anne, ainsi que la présence de sa meilleure amie, incarnée par Edith Scob. Jean, éconduit par la famille Desqueyroux en raison de sa judaïté, n’en attendait pas tant après ce qu’il considérait comme une simple amourette. En revanche, Thérèse et lui se reconnaissent des goûts communs et aiment à bavarder ensemble. Seulement le jeune homme, brillant étudiant, devra repartir pour Paris et il sera le responsable involontaire de la brouille entre Thérèse et Anne.
On sent tout le poids des conventions bourgeoises qui figent les individus dans un rôle défini, sans qu’ils puissent en déroger d’un pouce. Le drame des Desqueyroux était quelque part inévitable. La mise en scène sobre, toujours un peu froide de Franju, de nouveau habillée par un superbe noir et blanc dû à Georges Matras, décrit admirablement bien les sentiments de Thérèse qui échappe à la prison pour un enfermement encore plus redoutable.
Les prestations d’Emmanuelle Riva, à la fois douce et indifférente, et de Philippe Noiret, placide mais capable d’une dureté incroyable, sont aussi tout à fait remarquables.
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