Le 7 janvier 2024
Une réussite du cinéma de genre coréen, croisant avec bonheur polar et fantastique, et qui mérite plusieurs visions.
- Réalisateur : Na Hong-jin
- Acteurs : Hwang Jung-min, Jun Kunimura, Kwak Do-won, Cheon Woo-hee
- Genre : Drame, Thriller, Épouvante-horreur, Policier
- Nationalité : Sud-coréen
- Distributeur : Metropolitan (éditeur DVD), Metropolitan FilmExport
- Durée : 2h36mn
- Titre original : Goksung (Titre original), The Wailing (titre américain)
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
- Date de sortie : 6 juillet 2016
- Festival : Festival de Cannes 2016
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Résumé : La vie d’un village coréen est bouleversée par une série de meurtres, aussi sauvages qu’inexpliqués, qui frappe au hasard la petite communauté rurale. La présence, récente, d’un vieil étranger qui vit en ermite dans les bois attise rumeurs et superstitions. Face à l’incompétence de la police pour trouver l’assassin ou une explication sensée, certains villageois demandent l’aide d’un chaman.
- Copyright : Metropolitan FilmExport
Critique : Na Hong-jin était l’auteur de deux palpitants thrillers : The Chaser et surtout The Murderer, coproduit par les studios américains. La grande force de ce troisième opus est de mélanger les genres, sans que l’on sache lequel prédomine. S’agit-t-il d’un faux film fantastique, masquant une énigme criminelle, à l’instar de La marque du vampire (1935) de Tod Browning ? Sommes-nous face à un polar déviant vers le surnaturel, à l’image de Angel Heart (1987) d’Alan Parker ? La comédie policière qui semble s’annoncer dans le premier tiers du film bascule-t-elle vers l’horrifique ? Na Hong-jin brouille les pistes, et son scénario à tiroirs qui multiplie rebondissements et effets en trompe-l’œil est d’une redoutable efficacité. On s’attache très vite à la figure principale de Jong-su, policier froussard et à l’ouest, mais qui s’avérera d’un sang-froid étonnant dès que sa cellule familiale est menacée. Entre réalité et fantasmes, vie quotidienne et cauchemars nocturnes, pensées rationnelles et visions oniriques, les autres personnages qui hantent The Strangers troublent autant Jong-su que le spectateur. Le cinéaste prend alors un malin plaisir à nous manipuler, suivant les meilleures recettes hitchcockiennes. Bien sûr, nombre d’influences imprègnent cette œuvre inspirée, de L’exorciste à Seven en passant par La nuit des morts vivants.
- Copyright : Metropolitan FilmExport
Mais Na Hong-jin réussit à trouver un ton personnel et à déjouer les attentes, jusqu’à un double dénouement que l’on ne saurait réduire à un artifice de scénariste malin. Plusieurs séquences marquantes figureront très vite dans une anthologie du polar et ou du film fantastique : la découverte de l’ermite dans une cabane au fond des bois, l’homme ayant peut-être dévoré cru un chevreuil abattu, une fillette victime d’un mauvais sort et accusant son père des pires atrocités, un double exorcisme à distance mêlant l’esprit de Jean Rouch et les délices du cinéma bis, les errances d’une jeune femme fantomatique, mi-ange, mi-démon. Jamais le récit ne sombre dans le grotesque ou l’excès et si la narration pourra paraître confuse, c’est à l’avantage du film, qui mérite plusieurs visions, et que l’on peut interpréter à plusieurs niveaux. Na Hong-jin suit ainsi les traces du Polanski du Locataire ou du Lynch de Mulholland Drive. On regrettera juste quelques digressions potaches (une créature prétendue machiavélique photographiant ses victimes avec entrain) et un montage parfois roublard. Mais ces réserves ne constituent qu’un détail face au pouvoir de séduction exercé par ce film qui deviendra très vite culte. The Strangers confirme par ailleurs la vitalité d’un cinéma de genre coréen qui s’est également distingué cette année à Cannes avec Dernier train to Busan.
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