Etrange, vous avez dit étrange ?
Le 29 mai 2011
Le dernier bijou de Guy Maddin scintille à l’écart de la production contemporaine. Une cure de jouvence cinématographique.
- Réalisateur : Guy Maddin
- Acteurs : Isabella Rossellini, Maria de Medeiros, Mark McKinney
- Genre : Comédie dramatique, Musical
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 22 février 2006
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– Durée : 1h39mn
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Le dernier bijou de Guy Maddin scintille à l’écart de la production contemporaine. Une cure de jouvence cinématographique.
L’argument : A Winnipeg, durant la Grande Dépression, est organisé un concours auquel participent des musiciens venus des quatre coins du globe.
Notre avis : Image noir et blanc vintage, voix caverneuse et ambiance de rêve enfumé. Quelques secondes, c’est le temps qu’il nous faut pour identifier le travail de Guy Maddin, génial cinéaste canadien à l’univers insaisissable. Sevré aux films muets, ceux qui n’ont pas besoin de paroles pour se faire comprendre, il sait les vertus hypnotiques de ce cinéma vif-argent. Déjà bien connu des cinéphiles, ses films évanescents et tortueux n’ont jamais réussi à conquérir un public plus large, sans doute dérouté par tant d’étrangeté. Après son autobiographique et délicieusement bordélique Seuls les lâches s’agenouillent, il surprend à nouveau en s’appuyant, cette fois-ci, sur un scénario de Kazuo Ishiguro, auteur du Vestige des jours.
Derrière la verve fantaisiste du synopsis, l’écriture est convulsive et inventive. Cette compétition des nations pour composer la plus triste musique au monde offre le parfait terrain de jeu à Maddin qui prend un plaisir évident à pasticher les représentations communes. Ainsi de cette tribu africaine, tout droit sortie d’une bande d’actualité des années 30, où encore cette troupe de flamenco, parfait cliché touristique. Un art du détournement que The saddest music in the world pratique avec une rare jubilation, jusque dans ses références, plus ou moins obscures, au cinéma muet ou ses personnages principaux, véritables freaks, comme décalqués du film de Tod Browning. Toutefois, derrière la farce, le délire à peine organisé, il est difficile de ne pas voir une dénonciation de l’entertainement hollywoodien qui, à force de sentimentalité, foudroie les sentiments. Ainsi, un producteur de Broadway, avec l’enthousiasme débordant d’un Ed Wood, se plaît-il à monter des spectacle boursouflés aux arguments historiques en forme de cache-misère.
Du noir et blanc haut en couleur, avec en prime, pour l’inénarrable Isabella Rossellini, un rôle totalement déjanté : l’actrice, tout en blondeur factice, y joue la baronesse de la bière de Winnipeg ! The saddest music in the world est un grand moment de cinéma déviant et une étape d’importance dans la filmographie, déjà imposante, de Guy Maddin.
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