L’horreur est humaine
Le 31 mars 2014
Ti West explore le phénomène des sectes avec quelques fulgurances terrifiantes même si la caméra embarquée utilisée ici montre parfois ses limites. Prix du jury SyFy au festival de Gérardmer 2014.
- Réalisateur : Ti West
- Acteurs : AJ Bowen, Gene Jones, Joe Swanberg, Kentucker Audley, Amy Seimetz
- Genre : Drame, Thriller, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h39mn
- Festival : Gérardmer 2014
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Deux journalistes suivent un de leurs amis à la recherche de sa sœur disparue. Quittant les États-Unis pour une destination tenue secrète, ils arrivent finalement à Eden Parish, une communauté religieuse où quelque deux cents âmes partagent l’idéal d’un mode de vie autonome, fondé sur le partage des biens et porté par un chef charismatique que ses fidèles appellent "Père". Mais des zones d’ombre dans ce prétendu petit paradis vont bientôt être découvertes par les nouveaux arrivants.
Critique : Cinéaste aguerri et fidèle au genre horrifique, Ti West (The Roost, The House of the Devil, The Innkeepers) nous revient, délaissant le surnaturel pour se tourner vers le phénomène des sectes en adoptant le procédé du found footage. Ce nouveau long métrage produit par Eli Roth est largement inspiré du tragique fait divers de Jonestown en 1978 qui vit plus de neuf-cents fidèles au gourou Jim Jones succomber à un suicide collectif au cyanure de potassium. The Sacrament embarque deux journalistes (AJ Bowen et Joe Swanberg) et leur ami Patrick (Kentucker Audley) dans une contrée retranchée en dehors des États-Unis à la recherche de Caroline (Amy Seimetz), la sœur de ce dernier. Le soupçon d’avoir été embrigadée à l’intérieur d’une secte pèse sur Caroline, une occasion pour les reporters de s’adonner à une investigation afin d’obtenir des réponses. Ils sont tous les trois amenés en secret à "Eden Parish", une curieuse communauté religieuse qui subsiste en autarcie, isolée du monde extérieur. Bien qu’ils soient accueillis par des hommes armés, Eden Parish apparaît comme un havre de paix qui bannit toutes distinctions, aussi bien sociales que raciales. Ici, on loue des valeurs nobles comme l’entraide, le pacifisme mais aussi un retour à la terre pour subvenir aux besoins les plus élémentaires de la communauté. La première partie du film prend soin de planter le décor malgré les redondances d’un procédé qui s’accommode de tout filmer en temps réel. Une approche plus classique aurait sans doute pu produire un meilleur impact tout en se montrant moins pesante.
À la tête de ce soi-disant petit coin de paradis bâti dans l’intention de s’opposer à une société moderne gangrenée, le patriarche "Père" (Gene Jones) prêche sa bonne parole. Il est intéressant de voir que le personnage n’est pas exposé tout de suite, c’est par le biais d’une voix désincarnée que nous entendrons d’abord ses sermons retransmis dans la communauté, Ti West préférant laisser libre cours à l’imagination du spectateur. Lorsqu’il apparaît à l’écran, "Père" se dévoile sous un jour séduisant. Orateur hors pair, calme et posé, il harangue ses fidèles avec un degré de conviction qui fait froid dans le dos. De ce fait, l’interview du gourou par la petite équipe de journalistes reste sans conteste l’un des moments forts du film. Le dernier acte laisse place à un profond malaise une fois qu’Eden Parish, paradis artificiel friable, dévoile enfin son vrai visage. La détresse et le fanatisme feront sombrer la communauté dans l’horreur sous la persuasion du gourou jusqu’au-boutiste. Le réalisateur parvient à nous coller à notre siège via quelques fulgurances très fortes sur la fin et ce malgré une tragédie attendue dès le départ. Si l’on met de côté les effets de mise en scène superflus du found footage, The Sacrament réussit à bien gérer sa thématique en faisant grimper la tension tout en captant le malaise lié au phénomène des sectes. À juste titre, l’horreur humaine dépeinte par Ti West vaut donc son petit coup d’œil.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.