Le 1er août 2024
Un film d’horreur référentiel au scénario malin, doté d’indiscutables qualités de mise en scène, et qui confirme le statut de « petit maître » du genre pour Ti West.
- Réalisateur : Ti West
- Acteurs : Kevin Bacon, Michelle Monaghan, Lily Collins, Bobby Cannavale, Mia Goth, Giancarlo Esposito, Elizabeth Debicki, Moses Sumney, Halsey, Uli Latukefu
- Genre : Épouvante-horreur, Slasher, Policier
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Condor Distribution
- Durée : 1h44mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 31 juillet 2024
- Festival : NIFFF 2024
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Résumé : Los Angeles, dans les années 1980. Star de films pour adultes et aspirante actrice, Maxine Minx décroche enfin le rôle de ses rêves. Mais alors qu’un mystérieux tueur traque les starlettes de Hollywood, des indices sanglants menacent de dévoiler le sombre passé de Maxine.
Critique : Produit par Universal, MaXXXine est le troisième volet d’une trilogie initiée avec X (2022). Le second film, Pearl, tourné dans la foulée, qui est en fait le préquel du précédent, a été proposé seulement en direct-to-video. Précisons que chacun des trois longs métrages peut être regardé indépendamment des deux autres, même si la curiosité du spectateur l’amènera forcément à vouloir découvrir l’ensemble. Petit maître du nouveau cinéma d’épouvante, Ti West est le réalisateur d’une œuvre inégale mais cohérente, qui avait commencé avec The Roost (2005). À l’exception de Cabin Fever 2 (2009, loin d’être son meilleur film) et de X, ses longs métrages ont pu être découverts par le public français seulement en VOD et ou DVD. Primé à Gérardmer 2024 pour The Sacrament, le cinéaste avait pu décevoir avec The Innkeepers (2011), lui qui semblait avoir donné le meilleur de lui-même, deux ans plus tôt, avec The House of the Devil, hommage aux films d’horreur des années 1980, remarqué pour son esthétique rétro. MaXXXine est de la même veine, et confirme que Ti West est doté d’un réel talent d’écriture et de mise en scène.
- Mia Goth
- © 2024 Universal Pictures, A24, Fotus Features, Motel Mojave. Tous droits réservés.
Mais comment cet opus se situe-t-il par rapport aux deux précédents ? Le cinéaste tient à préciser dans le dossier de presse : « MAXXXINE est très différent de PEARL et de X dans le sens où nous ne pouvions pas nous répéter en allant tourner dans un autre lieu isolé, comme celui de la ferme dans les lieux précédents. Nous devions passer de la réalisation de films artisanaux – comme le tournage de films pornographiques dans X – à une réalisation finale plus grandiose et cinématographique. Il était donc logique de suivre la voie dans laquelle Maxine s’était engagée après le X : devenir une star à Hollywood ». Disposant d’un budget plus cossu, qui lui permis de tourner dans les rues de Los Angeles et divers lieux mythiques de Hollywood, Ti West n’en reste pas moins fidèle à son univers décalé et déjanté, en réussissant à capter l’attention par un récit à tiroirs qu’il a lui-même concocté. On retrouve donc l’actrice Maxine (Mia Goth, également productrice du film) voulant dépasser les ambitions d’une… Brooke Shields, et s’élever au firmament des stars hollywoodiennes. Et ce n’est peut-être pas inconsciemment que son mégot de cigarette est jeté, au Walk of Fame, sur l’étoile de Theda Bara, première icône du cinéma américain (on remarquera l’analogie avec une scène du récent The Substance de Coralie Fargeat). Toujours est-il que Maxine, ex-star du porno, décroche le premier rôle dans un film d’horreur à gros budget, ce que même le personnage de Romy Schneider dans L’important c’est d’aimer n’aurait oser espérer. C’est sans compter un ignoble détective (Kevin Bacon, méconnaissable) venu lui rappeler son passé pour le compte d’un mystérieux client, et la présence (bien réelle) d’un serial killer dans divers quartiers de L.A.
- Halsey, Mia Goth
- © 2024 Universal Pictures, A24, Fotus Features, Motel Mojave. Tous droits réservés.
La narration mêle habilement, pour le côté horrifique, les séquences du « film dans le film », celles concernant les victimes (souvent des starlettes de la Mecque) et les souvenirs ou fantasmes de la protagoniste. Le résultat est efficace et séduit sur le plan visuel (en particulier l’assaut final), grâce au montage et au talent des collaborateurs artistiques dont le directeur photo Eliot Rockett et le chef décorateur Jeff Kisvarday. On appréciera aussi la critique du conservatisme américain des années 80 (le reaganisme annonçant le trumpisme) et surtout les multiples références cinématographiques, de Psychose à Body Double en passant par Sunset Boulevard ou Mulholland Drive. En même temps, d’autres réalisateurs étaient déjà passés par là, tels Curtis Hanson (L.A. Confidential) et David Robert Mitchell (Under the Silver Lake). C’est ce qui fait donc le charme mais aussi les limites de ce film d’épouvante dispendieux et malin, qui peine parfois à céder aux sirènes de l’exercice de style. Mais le plaisir de spectateur est indéniable. Et l’on ne peut que louer la qualité d’un casting comprenant également, entre autres, Elisabeth Debicki en réalisatrice déterminée, ou Michelle Monaghan et Bobby Cannavale en enquêteurs tenaces.
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