Le 21 janvier 2021
Non seulement L. A. Confidential n’a pas vieilli, mais il s’impose comme un film phare des années 90, sombre et âpre, somptueux hommage en même temps que réflexion sur un genre.
- Réalisateur : Curtis Hanson
- Acteurs : Guy Pearce, Kevin Spacey, Russell Crowe, Kim Basinger, Danny DeVito, James Cromwell, Simon Baker, David Strathairn, Ron Rifkin
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller, Policier
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Editeur vidéo : Twentieth Century Fox Home Entertainment
- Durée : 2h18mn
- Date télé : 26 mars 2024 20:50
- Chaîne : TCM Cinéma
- Box-office : 589.608 entrées France
- Date de sortie : 8 octobre 1997
- Festival : Festival de Cannes 1997
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Résumé : Los Angeles, années 50. Alors que la ville est sujette à une vague de règlements de comptes après la chute du caïd Mickey Cohen, la police criminelle se mobilise toute entière sur l’affaire de L’Oiseau de nuit, un massacre au cours duquel est tombé un ancien flic. Trois inspecteurs au style radicalement différent vont être amenés à coopérer pour démêler les fils d’une histoire plus compliquée qu’il n’y paraît...
Critique : Adapté d’un roman très touffu de James Ellroy, L.A. Confidential est d’abord et avant tout un polar très soigné, haletant, qui rebondit sans cesse au gré d’une intrigue à tiroirs dans laquelle il est délicieux de se perdre ; on retrouve le syndrome Grand sommeil, être dépassé par une histoire sans jamais en décrocher. C’est que dès les premières images, la caractérisation efficace des trois flics fonctionne à plein : un arriviste, un cynique et une brute sensible sont définis par leurs actions de manière brillante et élégante. Mais ce n’est qu’un hors-d’œuvre : arrive l’« affaire » (une boucherie dans un bar) et les péripéties s’enchaînent par couches successives et complexes, chaque découverte en entraînant une autre. C’est passionnant, et maîtrisé à la perfection : cadrages impeccables, beaux travellings aboutissant aux personnages dans des voitures ; du classique solide et indémodable.
- © 1997 Warner Bros. Tous droits réservés.
Hanson travaille les motifs du noir, de la femme fatale à la corruption généralisée, pour recréer un monde qui est autant celui du Los Angeles des années 50 que de sa représentation cinématographique. D’ailleurs, le cinéma est partout, de The Bad and the Beautiful (méta-film de Minnelli), à quelques images de Vacances romaines ou Lana Turner croisée dans un bar que Exley, incarné par le glacial Guy Pearce, ne reconnaît pas. Et pour cause, dans ce jeu de dupes, les apparences ne cessent de tromper : dès le début, le reportage publicitaire sur Los Angeles est présenté comme mensonger. De là une suite de masques et faux-semblants, représentés à l’image par des reflets, des vitres, des glaces sans tain, aussi bien que par des sosies de star. Plus profondément, c’est la ville entière qui repose sur des mensonges et de la corruption. Quant à la presse, elle crée des scandales qui ne doivent rien au souci de vérité. Comme les autres, le journaliste (savoureux DeVito) met en scène : dans le royaume du cinéma, les policiers comme les politiciens sont des as du maquillage et de la manipulation. Rien alors de sain et de réel ne peut advenir. Au fond, ce que Hanson enregistre, c’est la victoire du fabriqué ; les manigances et trafics ne font que rendre opaque une réalité déjà sordide qu’elle charge encore en noirceur. Si les personnages perdent pied, c’est que rien n’est stable ni fiable. En ce sens, L. A. Confidential va largement plus loin qu’un simple hommage au genre dont il respecte des codes pour en proposer une vision aussi sincère que désespérée, une réinvention brutale et perverse.
- © 1997 Warner Bros. Tous droits réservés.
Avec le recul, on ne peut qu’être époustouflé par le casting, même si tous n’étaient pas alors célèbres : Russell Crowe, Kevin Spacey, Kim Basinger (et même le jeune Simon Baker, le futur mentaliste) jouent une partition de haute volée, dirigés de main de maître par un cinéaste en pleine possession de ses moyens. Sans eux, le film aurait moins de corps, mais l’interprétation ne fait pas tout : le sens du rythme, les explosions de violence, la beauté de l’image, la finesse d’un scénario très écrit et les dialogues lapidaires portent à incandescence cette œuvre foisonnante et atypique.
- © 1997 Warner Bros. Tous droits réservés.
On notera bien quelques scories, comme les explications psychologiques ou une fin un brin conventionnelle. Mais globalement, L.A. Confidential a la rigueur des grands classiques et sa noirceur, sa cohérence, sa complexité même lui confèrent une aura singulière.
LE TEST BLU-RAY :
Une édition pleine à ras bord de bonus inégaux mais qui permettent de prolonger le plaisir du film, et une copie de toute beauté.
Les suppléments :
Beaucoup de bonus : outre le making-of de 30 minutes, 3 modules d’environ vingt minutes et un autre plus court abordent différents aspects du film (la lumière, le casting, la recréation de l’époque, l’adaptation). Mais s’ils contiennent de quoi rassasier les amoureux du métrage, ils ont deux défauts essentiels : ils se répètent assez souvent, et versent régulièrement dans le déluge de compliments. Plus curieux, la galette comprend aussi le pilote d’une série homonyme avec Kiefer Sutherland, qui pâtit de la comparaison avec le film (46mn). À quoi s’ajoutent un plan interactif de la ville et des bandes-annonces. Enfin, on peut choisir de voir L.A. Confidential avec un commentaire à multiples voix (Ellroy, Crowe, Spacey, Basinger, entre autres !) et c’est le bonus le plus intéressant, qui mêle informations et analyses.
- © 1997 Warner Bros. Tous droits réservés.
L’image :
La restauration propose des couleurs vives, un piqué impeccable et respecte le grain cinéma avec discrétion ; le film en est comme neuf, il exalte la beauté de cette reconstitution à l’image soignée. Tout au plus certains plans larges manquent-ils de finesse. Des conditions idéales pour revoir cette splendeur.
Le son :
Avec ses voix chaudes et profondes, ses balles crépitantes, la piste VO 5.1 restitue parfaitement l’ambiance hommage aux films noirs. Certes, le dynamisme est parfois en deçà de nos habitudes actuelles, mais l’immersion est remarquable.
– Sortie DVD et Blu-ray : le 2 novembre 2017
- © Twentieth Century Fox Home Entertainment
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