Une famille en or
Le 18 mai 2010
Une belle fable sur la disparition d’un cinéma qui pourrait bien être celle d’une certaine Amérique. Drôle et grave à la fois.
- Réalisateur : Robert Altman
- Acteurs : Tommy Lee Jones, Meryl Streep, Kevin Kline, Lindsay Lohan, Lily Tomlin
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
– Durée : 1h40mn
– Titre original : A Prairie Home Companion
– Le site du film
Une belle fable sur la disparition d’un cinéma qui pourrait bien être celle d’une certaine Amérique. Drôle et grave à la fois.
L’argument : Saint Paul, Minnesotta, au beau milieu de l’Amérique. Le Fitzgerald Theater (du nom de l’écrivain, natif de la ville) abrite depuis trente ans l’enregistrement public d’un show radiophonique hebdomadaire, le "Prairie Home Companion". Mais le théâtre est racheté par une société texane pour être transformé en parking public. La dernière séance d’enregistrement a lieu, où les "stars" locales vont blaguer et chanter devant les micros pour la dernière fois.
Notre avis : "La mort d’un vieil homme n’est pas une tragédie" : c’est un membre de la troupe qui le dit, lorsque le corps sans vie de Chick Akers, chanteur country et compagnon de la joyeuse bande du "Prairie Home Companion", est découvert dans sa loge. Mort dans son fauteuil après sa dernière chanson, dans l’attente tranquille de quelques grivoiseries. Mort sans pathos ni tragique, sans coups de feu ni coup de théâtre, à peine quelques larmes vite ravalées ("The show must go on"). Mais, au beau milieu de ce naufrage, il s’agit bien sûr d’une disparition très symbolique. Car dans le corps sans vie de Chick Akers, chanteur et acteur ridé comme une vieille pomme, c’est un alias célèbre que le vieil Altman (quatre-vingt-deux ans lui-même) a tué devant nous. Le personnage de Chick Akers est incarné par L.Q. Jones, qui fut un acteur de Raoul Walsh, Don Siegel ou encore Sam Pekinpah (Major Dundee, La horde sauvage, Coups de feu dans la sierra...). Autant dire, à l’image de Robert Altman lui-même, une figure - et une gueule - du cinéma américain.
Le vieil acteur disparaît au milieu d’un film où l’humour est parfois graveleux (les Laurel et Hardy country et leur chanson peu correcte, comme un pied de nez au Texan tellement "chrétien" qui les observe), parfois plus grinçant (le même très chrétien vautour texan, incarné par Tommy Lee Jones - inculte et d’un "christianisme" peu charitable en réalité). D’aucuns reprocheront peut-être à Altman de confondre fraîcheur et verdeur : un faux débat, comme le démontre cette fable habile où la jeunesse d’un acteur se mesure à sa faculté, toujours renouvelée, à improviser.
Pourtant The last show est plus grave qu’il n’y paraît. Au fond, le hasard objectif qu’il met en scène avec ces recettes qui ont fait les meilleurs films du cinéaste ne parle que d’elle : la mort. La mort d’un homme et celle d’un cinéma. Une mort personnifiée (blonde en imper blanc, clin d’œil à une femme fatale elle aussi disparue), une mort sublimée façon teenager (la jeune fille aux idées suicidaires, qui improvise l’épitaphe du show), une mort dans tous les cas omniprésente (les deux sœurs qui ne cessent de rappeler la mémoire de leur mère). Blond, tendre et doux comme une brioche (très beau travail sur les couleurs et les lumières), ce cinéma qui rend hommage à la comédie ressemble aussi à une pavane pour une Amérique défunte.
Plus proche sans doute de Nashville que de Short cuts, The last show partage avec les meilleurs films de Robert Altman l’immense talent de directeur d’acteurs du cinéaste. La formule des destins croisés, qu’on aurait pu croire éculée, fonctionne encore à merveille, et Meryl Streep, enfin délivrée des oripeaux haute couture et d’un vain mimétisme avec Glenn Close (Le diable s’habille en Prada, cette année), est de nouveau l’Américaine moyenne, un tantinet plouc (pour le meilleur), qu’elle sut ailleurs, avec d’autres, si bien incarner. On avait vu Altman lui-même se perdre dans les strass de la haute couture (Prêt-à-porter) : il retrouve dans The last show ses habits de "vieux", mais fier de l’être.
(La mort, omniprésente dans ce Last show, a rattrapé son réalisateur avant la sortie en France du film. Robert Altman nous a quittés le 20 novembre 2006.)
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Norman06 22 avril 2009
The last show - la critique
Le dernier film d’Altman émeut par sa référence à la mort et la mélancolie des situations. Du cinéma du cœur et de l’esprit.