Gangs of America
Le 30 septembre 2015
Un western au long cours, épique et intimiste à la fois, et un rôle magnifique pour Charlton Heston.
- Réalisateur : Sam Peckinpah
- Acteurs : James Coburn, Warren Oates, Charlton Heston, Richard Harris, Jim Hutton, Senta Berger, Mario Adorf, Ben Johnson, R.G. Armstrong, Michael Anderson Jr., Brock Peters, Karl Swenson, Slim Pickens, Rockne Tarkington, Dub Taylor, Michael Pate , L.Q. Jones
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 2h14mn
- Date télé : 2 octobre 2023 20:50
- Chaîne : TCM Cinéma
- Date de sortie : 1er mai 1965
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Résumé : Dans les derniers mois de la guerre de Sécession, le Major Dundee, soldat nordiste, se lance à la poursuite d’un chef apache qui a massacré les occupants d’un poste de cavalerie du Nouveau-Mexique et pris les enfants en otage. Il enrôle dans ses troupes ses prisonniers confédérés sudistes et leur chef Tyreen, son ennemi intime. Celui-ci accepte de rejoindre ses troupes tout en jurant de tuer le Major Dundee une fois accomplie la mission contre les Indiens.
Critique : Charlton Heston est tout en jambes, il a une belle gueule, de l’autorité, mais sa mission est difficile et ses hommes lui en font voir de toutes les couleurs. Dundee combat sous la bannière de l’état fédéral américain, qui prétendait alors remiser l’esclavage barbare et ancien des Sudistes et défendre certaines valeurs républicaines. Pas d’illusion rétrospective : le même grand et bel acteur sera aussi celui de La planète des singes, humaniste et tolérant à l’envi. La triste figure révélée par Michaël Moore n’a pas encore rencontré la vieillesse sordide et patibulaire où les armes ne seront plus chargées à blanc, celle de Bowling for Columbine. À l’époque, Charlton Heston tournait avec un cinéaste encore jeune (Peckinpah a quarante ans), qui allait devenir l’un des plus grands, et offrait son salaire pour permettre l’aboutissement d’un western long et lent déjà refusé par des producteurs frileux.
Le résultat, redécouvert aujourd’hui à l’occasion de la "version longue restaurée", est... long et lent. C’est à la fois la singularité de Major Dundee et sa difficulté. Film au long cours, western épique qui consiste surtout, comme beaucoup de westerns, en l’affrontement de deux hommes qui s’aiment énormément, Major Dundee est un récit assez complexe et éprouvant. On y trouve l’histoire américaine dans les derniers mois de la fameuse guerre de Sécession, les cruels Apaches, et même les Français présents au Mexique, plus une histoire intime entre deux hommes habités par l’amour et la trahison. Le tout à la mode Peckinpah : un rythme changeant mais qui sait prendre son temps, comme le cinéaste de Pat Garrett et Billy the Kid et de La horde sauvage se le permettra plus tard.
Major Dundee nous revient, dans une version (presque) originale, puisque le film avait été considérablement raccourci par la production. Rétrospectivement, il intéresse aussi par ce qu’il révèle déjà du génie de son auteur (il en est alors à son troisième long métrage) : le Mexique ou le Nouveau-Mexique blafards et curieux que Peckinpah allait visiter dans certains de ses plus beaux films (Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia, Pat Garrett et Billy the Kid) ; ce "héros" de Peckinpah, tellement ambigu et amoral, déjà tout entier dans le portrait d’un soldat qui lutte contre la faiblesse et la déchéance humaines (celle de son régiment de renégats) et en premier lieu contre la sienne (Amos Dundee sombrera-t-il dans l’alcool ?) ; la cruauté faite cinéma, sous le regard des enfants en troupes désordonnées (La horde sauvage, et tous ces films que Cimino a dû voir et revoir)... Le tout évidemment placé sous le signe d’une "rédemption" dont un personnage de pasteur montre toute l’équivoque. Dans une scène nocturne où un soldat noir est insulté par un sudiste confédéré, on est frappé par cette tension et cette violence sourdes, intérieures, qui seront celles des scènes étonnantes - de viol en particulier - dans Les chiens de paille et dans Alfredo Garcia. Et même s’il est vrai que le cinéaste a connu des rapports conflictuels avec la star sur ce tournage, signalons la performance riche et juste de Charlton Heston, en particulier dans ce moment où le beau soldat, blessé, perd sa superbe et sa virilité et menace de sombrer dans la bouteille. De quoi non seulement revoir un beau western (malgré sa longueur, on vous aura prévenu) mais aussi un grand acteur.
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