Bowling for Columbine - Michael Moore - critique

Critique : En 1999, dans la petite ville de Littleton, deux adolescents armés jusqu’aux dents font un carnage dans le lycée Columbine. Douze élèves et un professeur sont tués avant que les jeunes meurtriers ne se suicident à leur tour. C’est le point de départ de la réflexion de Michael Moore : pourquoi les États-Unis sont les seuls au monde à connaître ce genre de tragédie ? Pourquoi y a-t-il plus de 11 000 personnes, chaque année, tuées par balles ?

On connaissait déjà, en France, le travail de Michael Moore grâce à ces précédents documentaires, Roger et moi et The Big One ; un savant mélange d’analyse sociopolitique et d’humour ravageur, vulgarisé à outrance mais toujours pertinent. En quelques années, quelques livres et shows télévisés, Michael Moore est devenu la bête noire des institutions américaines, le poil à gratter qui agace certains de ses concitoyens, dont la ferveur patriotique n’a fait que se renforcer depuis le 11 septembre.

Qu’importe, Michael Moore aime son pays et ne désire que son bien, même si pour cela, il faut pointer du doigt ses tares les plus éloquentes. La circulation libre des armes à feu en est une. Les États-Unis sont inondés par 250 millions d’armes, les balles peuvent être achetées dans un simple supermarché, un élève de CP a tué l’une de ses petites camarades avec le revolver de son oncle... Avec Bowling for Columbine, le documentariste cherche à comprendre d’où vient ce profond malaise qui gangrène la société américaine. La NRA, la pauvreté, les jeux vidéo ultra violents, les productions hollywoodiennes ?

Avec son air débonnaire, Michael Moore interroge tout le monde, n’épargnant pas ses interlocuteurs de sa causticité, et met en exergue tous les dysfonctionnements de son pays. Exemple : en ouvrant un compte spécial dans une banque, on vous offre un fusil. C’est l’intérêt majeur de ce documentaire : l’enquête prend forme sous vos yeux, car rien n’est planifié d’où une impression rare de fraîcheur pour ce type d’exercice. On ne vous en dira pas plus de façon à préserver la conclusion du travail de Moore. Mais au final, le résultat fait froid dans le dos malgré l’humour du traitement. On est même sidéré par cette prise de position d’un Américain contre son pays pendant une période si troublée.

Fait rarissime, les suppléments sont parfaitement dispensables concernant Bowling for Columbine. Il n’est pas nécessaire en effet de regarder la conférence de presse, l’interview du documentariste ou le débat qui oppose les Inrocks aux Cahiers du cinéma pour se faire sa propre opinion. Il est même préférable d’éviter toute prise de position parasite pour vraiment digérer les idées de Michael Moore, puis les accepter ou les réfuter.

Quant à moi, je vous donne rendez-vous sur le forum DVD pour un débat sur la fabrication de l’émotion par le cinéaste. Je fais allusion à la confrontation Moore-Heston dans laquelle il use d’un contre-champ artificiel (avec la photo de la petite fille), procédé selon moi en contradiction avec le reste du documentaire.

Le DVD

– Edition 2 DVD
– Format image 1.85 - 16/9 compatible 4/3
– Chapitré
– Couleur
– Audio français, Dolby Digital 2.0
– VOST Dolby Digital 5.1 & 2.0
– Tous publics