Le 11 août 2018
- Réalisateur : Michael Moore
Le réalisateur de Bowling for Columbine revient avec un brûlot anti-Trump entièrement voué à déstabiliser le président milliardaire, deux mois avant les élections au Congrès. Découvrez donc son sequel à Fahrenheit 9/11, à savoir Fahrenheit 11/9...
Voix de gauche parmi les plus éloquentes de la décennie 90, Michael Moore s’est intéressé de près à General Motors et à ses plans sociaux (Roger & Moi) ; il a dénoncé les salaires faramineux des nababs du Down Jones (The Big One ; il s’est insurgé contre le deuxième amendement, l’industrie de l’armement et son lobby, la NRA dans Bowling for Columbine ; dans la Palme d’Or Fahrenheit 9/11, il attaquait George W. Bush et sa politique belliqueuse en Irak, à l’issue des attentats du 11 Septembre que l’ancien président républicain utilisa comme prétexte pour lancer son entreprise de domination des barils de pétrole de la région de Saddam Hussein ; il s’est indigné du système de santé dans Sicko ; il a déboulonné le capitalisme dans Capitalism : a love story ; enfin, il a imaginé l’envahisseur américain en Europe et ce qu’il pourrait apprendre des pays conquis par les multinationales des USA.
Un tel engagement social et politique est rare au cinéma, surtout qu’au box-office il a souvent fait des merveilles : Fahrenheit 9/11 est parvenu à battre tous les records pour un film documentaire en décrochant 119.194.771$ aux USA, soit les plus grosses recettes jamais recueillies par un film documentaire. Et de très loin.
Personnalité de nature indignée par les injustices envers les plus faibles, Moore ne pouvait que revenir à la charge avec l’arrivée au pouvoir en janvier 2017 du populiste Donald Trump, dont le mandat à ce jour a consisté uniquement à détricoter toutes les valeurs pour lesquelles il s’est battu et bien plus encore.
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- Capture d’écran Fahrenheit 11/9 (C) 2018 Midwestern Films - Tous droits réservés
Trump a en deux ans imposé une vision politique ouvertement raciste envers les communautés ethniques (les Latinos et migrants d’origines latines, rabaissés à de vilains violeurs et dealers de drogue, et évidemment la communauté noire régulièrement vilipendée, notamment dans le refus du président de dénoncer les agissements des suprématistes blancs). En guerre contre le terrorisme, le chef de l’exécutif a lancé un raid contre les musulmans (le Muslim ban), tout en protégeant le droit aux armes aux USA, alors que le deuxième amendement américain permet indirectement la multiplication des massacres commis par des... Américains sur des Américains, si possible adolescents, dans les fameux lycées régulièrement pris pour cibles. La tignasse de la Maison-Blanche a désintégré le système d’assurances maladie, l’Obama Care, laissant sur la sellette les plus démunis ; le milliardaire s’est rapproché de l’ennemi russe tout en pointant du doigt les alliés historiques de l’Amérique, sorte de doigt d’honneur aux valeurs démocratiques de sa nation. L’amateur de playgirls à la sexualité extraconjugale étalée dans les média a pactisé avec l’extrême droite, les religieux les plus endoctrinés de l’Amérique évangéliste, a battu des records de mensonge à la minute, et a commencé à procéder à un génocide du peuple américain en revenant sur les lois contre les véhicules polluants, en autorisant à nouveau des pesticides tueurs, et en remettant l’amiante d’actualité, car après tout, ce qui est mauvais pour la santé est bon pour l’industrie. Pis, le retrait des accords climatiques de Paris dans un monde devenu une fournaise a démontré l’esprit de contradiction d’un chef d’État fermé sur sa propre vision au détriment de... l’humanité. Le brasier californien se souvient encore de la lenteur de l’exécutif pour déclarer l’état de catastrophe naturelle.
Dans ce contexte historique pour le moins chargé, Michael Moore trépigne, bouillonne, fulmine. Jamais n’a-t-il eu autant d’éléments audiovisuels, de témoignages éloquents, pour nourrir un pamphlet contre une personnalité dont le moindre tweet est une invitation à l’insurrection. Moore répondra donc au président le plus clivant de l’Histoire américaine, avec une volonté de déstabilisation politique évidente, en proposant Fahrenheit 11/9 en septembre 2018, deux mois avant les élections pour renouveler le Congrès américain. L’objectif ? Permettre aux Démocrates de récupérer le législatif pour contrebalancer les décisions du gourou de l’Alt-right.
On imagine donc le contenu de ce brûlot, qui fera sa première mondiale à la rentrée à Toronto. Il sera dans le meilleur des cas pugnace, avec cette efficacité de rhétorique et de ton pour toucher le public le plus large : les films de Moore n’ont jamais cherché à se couper du peuple, actant au nom des oubliés du capitalisme, restant habilement récréatifs, avec des inserts d’animation et interviews choc par souci de pédagogie et de sensationnalisme pour émouvoir, indigner et susciter le buzz.
L’homme du peuple Michael Moore, chouchou des Français (deux de ses films ont été millionnaires !), mettra le feu aux poudres le 21 septembre aux USA. L’Hexagone, lui, attend toujours une date de sortie et surtout un distributeur. Cela devrait se jouer très vite.
Place au trailer.
Galerie photos
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