The eye

La Thaïlande à l’assaut de l’horreur sensitive...

Mann est aveugle depuis l’âge de deux ans. Devenue adulte, elle espère pouvoir retrouver l’usage de ses yeux grâce à une greffe de cornée. L’opération est un succès et Mann, après une lente réadaptation, recouvre peu à peu la vue. Mais cette nouvelle vie s’accompagne d’étranges phénomènes : Mann semble voir des gens qu’elle seule peut voir...

Les aléas de la distribution française font qu’en à peine l’espace d’un mois, nous pouvons profiter des deux premiers films des frères jumeaux Oxide et Danny Pang, à savoir Bangkok Dangerous et The Eye, tournés pourtant à trois ans d’intervalle. Alors que Bangkok Dangerous s’intéressait à un tueur sourd, voici que The Eye suit un personnage aveugle qui recouvre la vue... toute une histoire de sens, le touché, l’ouïe et la vue... ces trois sens étant illustrés au cours d’un générique de début des plus déstabilisants...

The Eye est un film qui s’inscrit dans la mouvance horrifique asiatique lancée par The Ring et Dark Water de Hideo Nakata avec un soupçon du Sixième sens de Night Shyamalan, un film qui repose essentiellement sur une ambiance lourde et sur la compréhension du processus de la peur... car oui, The Eye fait à plusieurs moments très peur ! (jamais plus vous ne prendrez un ascenseur sans une petite arrière-pensée...).

Le spectateur est ainsi pendant toute la première partie du film prisonnier de la vue défaillante de Mann... une vision subjective floue qui fait merveille et qui rend le spectateur complètement impuissant. A cela s’ajoute un timing parfait dans le montage des scènes et surtout une ribambelle d’effets et d’ambiances sonores à vous faire dresser les cheveux sur la tête. Les frères Pang usent des même artifices qui peuvent nous accabler dans les productions horrifiques hollywoodiennes, mais qui sur The Eye fonctionnent à merveille. L’explication de tout cela tient au fait que l’ambiance sonore et les effets de montage servent avant tout le rythme, la montée de la peur et sont une illustration formelle de la sensibilité de l’héroïne. Images floues et montage très cut pour illustrer sa déficience visuelle et des effets sonores tonitruants qui soulignent le fait que Mann porte une confiance (aveugle ?) dans son ouïe pour se repérer...

On pourra regretter la deuxième partie du métrage qui suit l’élucidation du mystère en devenant par là même plus conventionnelle dans son traitement mais qui en contrepartie développe la thématique sous-jacente du film des frères Pang, déjà à la base de l’intrigue de Bangkok Dangerous : le destin ou plus exactement le karma. Les souffrances des uns, les joies des autres proviennent toutes des dettes et des avoirs de notre vie passée. Si les circonstances de notre vie sont idylliques, nous ne faisons que récolter ce que nous avons semé et inversement... la conclusion du film étant à l’image de cette croyance...