Bangkok Dangerous - la critique

Dans le domaine de la médiocrité, les frères Pang se sont surpassés. Au fait, comment dit-on "nanar" en thaïlandais ?

L’argument : Joe, un tueur professionnel sans scrupules, atterrit à Bangkok afin d’exécuter quatre contrats pour le compte d’un chef mafieux nommé Surat. Il engage Kong, un pickpocket de rues comme intermédiaire, de façon à ne laisser aucune trace derrière lui. Mais alors qu’il a toujours évolué en solitaire, Joe prend le gamin sous son aile et s’engage dans une relation sentimentale avec une vendeuse locale sourde et muette. Petit à petit, Joe est gagné par la beauté capiteuse de Bangkok, au point de remettre en question son mode de vie, son isolement et la prudence qui lui a jusque-là permis de rester en vie.

Notre avis : Imaginez n’importe quel épisode de Emmanuelle (disons le deuxième), ôtez les scènes de sexe, conservez tous les passages exotiques et décoratifs qui servaient à remplir les moments creux, balancez dedans une star déchue - faîtes-lui parler un peu de thaïlandais pour que ce soit encore plus navrant - et vous obtenez ce pseudo-remake US de Bangkok Dangerous, orchestré par les frères Pang. Un nanar qu’il est beau. Dans leur première version, les insupportables frangins thaïlandais s’amusaient à pomper comme des charognes les meilleures scènes de standards polardeux des années 90 et à les présenter sous la forme d’un assemblage minable avec le petit doigt en l’air (comprenez que les Pang bros se considéraient comme des artistes branchouilles). Dans la seconde, ils demandent à une pauvre actrice de jouer une sourde muette à la manière du mime Marceau, torchent des scènes d’action avec l’ardeur d’un John Woo sous Tranxène, continuent de penser que le monde n’est fait que de bons et de méchants et confirment que leur cinéma n’est que poudre aux yeux.
Ceci dit, grosse surprise : cette relecture est carrément moins chiante que l’original. On est clairement moins dans un esprit auteurisant à la con que dans celui, pas très sérieux (donc très drôle) d’une série Z. Les personnages sont suffisamment débiles pour balancer des dialogues ineptes avec un air vaguement profond et les morceaux de bravoure s’avèrent indignes d’un film avec Cynthia Rothrock. Entre-temps, on a mal au cœur pour le pauvre Nicolas Cage - plus monolithique que le monolithe - qui aurait dû songer à changer d’agent avant d’entamer ce qui va ressembler à une longue traversée du désert façon Mickey Rourke dans les années 90 (A quand un petit Leaving Las Vegas 2 avec Paris Hilton dans le rôle d’Elisabeth Shue ?). Dieu sait si l’été est la saison des nanars au cinéma mais parmi tous ceux qui vous sont balancés à la figure, prenez celui-là : il est encore plus con que les autres.