Rock français
Le 20 novembre 2002
Avec Strange, le groupe pourrait bien mettre échec et mat ses détracteurs.


- Artiste : Astonvilla

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Longtemps victime de préjugés, Astonvilla sort de l’ombre depuis deux ans. Avec Strange (prononcez à la française) le groupe pourrait bien mettre échec et mat ses détracteurs.
Strange est une synthèse. Un melting pot inventif, doux-amer, dévoilant l’ensemble des qualités d’un groupe maltraité par une industrie discographique impitoyable, méprisé par la presse et boudé par la bande FM et le public. Après un premier album éponyme résolument rock en 1996 n’ayant pas atteint les ventes espérées, le groupe se fait jeter par BMG, sa maison de disque. Trois ans plus tard, sous un nouveau label (Double T Music France), sort Extraversion. Réussite artistique incontestable, l’album rencontre la même indifférence générale.
Mais le nouveau millénaire porte chance au quatuor parisien. Toujours sans contrat, Astonvilla enregistre avec la complicité de Naïve le Live Acoustic. Et là, allez savoir pourquoi, la mayonnaise prend. Il serait même question d’un tube, Raisonne. Le morceau, vieux de six ans, passe donc dans les mains de Blanc-Francard (producteur omniprésent de la scène rock française), ressort dans une version arrangée avec des cordes et cartonne.
C’est donc après huit d’années d’existence qu’Astonvilla touche la gloire médiatique, en remportant une Victoire de la Musique au titre aberrant d’artiste découverte de l’année (sic). Coup d’éclat suivi d’un coup de gueule du groupe, dénonçant, lors de la remise des prix, le système des artistes kleenex et ne remerciant pas le PDG de BMG. Les vieux démons sont enfin morts.
Désormais dans une situation confortable pour composer, Astonvilla reprend le chemin des studios et convoque Renaud Letang et Franck Pilant, vieux compères sonores présents depuis 1996. Tous travaillent ensemble sur le successeur du Live Acoustic.
Textes sur la corde raide, compositions délicates et variées, arrangements subtils, Strange recoupe toutes les influences passées du groupe. Un mix précis entre la ballade (Prière), le rock efficace et puissant mâtiné d’électronique (Le chien), les compositions tendues (Wash my Soul et L’Occident). Ou encore la boutade culinaire, menu concocté par Pierre Gagnaire, lu par Aubert, Bashung, Zazie, Coffe, Les Robins des Bois et mis en musique par le groupe. Une manière de soutenir la fameuse exception culturelle française, allégrement piétinée par les majors.