Le 11 février 2019
Subtile alliance de la pop et du jazz, le premier album solo de Sting fait globalement mouche.
- Date de sortie : 1er juin 1985
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Sortie le 1er juin 1985
Notre avis : Evidemment, le premier album de Sting s’est très bien vendu. Evidemment, dès sa première tentative, l’artiste a réussi à éclipser le groupe Police, ce qui n’était pas une mince affaire. Evidemment, il y a deux gigantesques tubes sur cet album impeccable : Russians et If you love somebody, set them free.
Le premier morceau, écrit dans le contexte d’une guerre froide finissante, ne prend ni parti pour les Russes, ni parti pour les Américains, constate simplement que l’inflation des menaces d’un côté comme de l’autre, met largement en danger les enfants livrés au "jouet mortel d’Oppenheimer", le père de la bombe atomique, ou aux humeurs vindicatives de Nikita Khrouchtchev et de ses successeurs. La conclusion du chanteur est sans appel : "Il n’y a aucun monopole de bon sens/De chaque côté de la barrière politique". Il n’est pas anodin, non plus, que la mélodie soit empruntée à la célèbre Suite orchestrale du Lieutenant Kijé de Sergei Prokofiev : le sentiment anti-russe nourri par l’arrivée du belliqueux Ronald Reagan ne trouve pas dans les mots de l’artiste une caution légitime. L’issue du conflit ne peut se priver des voies de la négociation, parce que d’un côté et de l’autre du rideau de fer, les hommes partagent "la même biologie, indépendamment de l’idéologie". Certains railleront ce pacifisme bon teint qui évacue finalement les questions sociales et économiques, mais on ne peut nier que peu d’artistes, à la même époque, ont eu la velléité de s’engager sur le terrain politique à travers leurs chansons.
Le second morceau, dont la production flamboyante, avec la présence du bassiste Daryl Jones, s’accommode d’influences jazzy, est une réflexion hautement opportune sur le désir de possession, lorsqu’il investit la relation sentimentale. Or, il s’avère, comme le note Sting, qu’on ne "peut contrôler un coeur indépendant" et qu’il vaut mieux rendre libre l’objet de son amour pour envisager de le conserver. Assurément, le propos répond d’une manière antithétique à l’amoureux qui, dans Every breath you take, manifestait la volonté paranoïaque du contrôle absolu ("Ne vois tu pas que tu m’appartiens ?").
Alors oui, à côté de ces deux sommets, le reste vit à l’ombre, mais dans une relative homogénéité artistique, même si parfois les paroles les plus émouvantes (Children’s crusade sur les jeunes soldats sacrifiés de la seconde guerre mondiale) flottent dans le bain mainstream du son FM des années 80, avec des reverbs que n’aurait pas désavoué Phil Collins. Il est évident que les morceaux les plus saillants ne sont pas ceux qui accusent une dette envers le jazz comme Consider me gone, et surtout The dream of the blue turtles ou Shadows in the rain, pas déplaisants à l’écoute, mais suscitant l’impression étrange de morceaux issus d’une jam session appliquée. Le Sting que l’on préfère est plus variété : c’est celui qui clôt l’album avec le très efficace Fortress around your heart, inspiré de son divorce et c’est celui qui s’autorise une incursion reggae tout à fait charmante avec Love is the Seventh Wave, aussi légère qu’une bulle de savon.
Toutes les chansons sont écrites par Sting sauf la pièce "Russians" (co-signée Sting/Prokofiev).
1-If You Love Somebody Set Them Free – 4:14
2-Love Is the Seventh Wave – 3:30
3-Russians (Prokofiev, Sting) – 3:57
4-Children’s Crusade – 5:00
5-Shadows in the Rain – 4:56
6-We Work the Black Seam – 5:40
7-Consider Me Gone – 4:21
8-The Dream of the Blue Turtles – 1:15
9-Moon over Bourbon Street – 3:59
10-Fortress Around Your Heart – 4:48
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