Dans la peau
Le 23 août 2017
Collection de chansons imparables, To the Bone n’est pas le meilleur album de son prolifique auteur, mais il parvient à se hisser à un excellent niveau grâce à une production impeccable. A prendre.
- Genre : Vidéo-clip
- Durée : 59mn
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– Sortie de l’album : 18 août 2017
Notre avis : En trente ans de carrière déjà, le Britannique Steven Wilson s’est petit à petit imposé comme une valeur sûre de la scène musicale indépendante, remettant à lui tout seul à flot un genre devenu désuet, le rock progressif. A travers ses diverses formations (No Man avec Tim Bowness, Porcupine Tree avec Richard Barbieri, Blackfield avec Aviv Geffen) et désormais en solo, le bonhomme a su communiquer à toute une nouvelle génération sa passion pour la musique des années 70 – parallèlement, il a entamé toute une série de remasterisation des œuvres de Steve Hackett ou encore d’Emerson, Lake and Palmer. Boulimique de travail, Steven Wilson ne laisse jamais ses fans sans nouvelles, publiant sans cesse des inédits, des EPs, si bien que les deux ans qui séparent ce To the Bone de son prédécesseur, l’extraordinaire Hand. Cannot. Erase ont paru beaucoup plus court. On ne s’en plaindra pas, là où tant de chanteurs se contentent d’un nouvel album tous les quatre ou cinq ans.
Cette prolixité n’est d’ailleurs jamais synonyme de produit bâclé, comme le prouve ce nouvel opus, pourtant conçu comme un assemblage hétéroclite de 11 titres indépendants les uns des autres, contrairement au précédent qui racontait une histoire complète dans la grande tradition du concept-album cher aux fans de prog. Ici, Steven Wilson s’est donc concentré sur les mélodies en voulant rendre cette œuvre plus accessible à un large public. Pas de compromission pour autant puisque le résultat sonne bien comme du Porcupine Tree, euh pardon comme du Steven Wilson. Lapsus volontaire puisque le groupe avait effectivement tenté une approche davantage centrée sur les chansons à la fin des années 90 et l’on retrouve ici une atmosphère et une sonorité proches de ces tentatives. Pour autant, le chanteur n’est toujours pas d’un grand optimisme si l’on en juge par les paroles, toutes pénétrées des soubresauts d’un monde marqué par les attentats et l’insécurité. Musicalement plus abordable que ses précédents albums, l’ensemble ne dépareille toutefois pas dans la discographie de l’artiste.
Certes, on trouvera bien quelques grincheux pour regretter de ne pas trouver une pièce longue et inventive (le seul morceau de 9mn est l’excellent et percutant Detonation) comme dans son très expérimental double album Grace for Drowning. Pas de trouvaille exceptionnelle donc ici, si ce n’est une collection d’excellentes chansons. Cela commence avec le titre To the Bone qui impose dès le départ une rythmique syncopée pour mieux se terminer en ballade. Le titre est immédiatement percutant. Nowhere Now est un titre mid-tempo qui bénéficie d’une bonne mélodie typique de son auteur. Rien de nouveau sous le soleil encore une fois, mais l’ensemble s’écoute avec un réel plaisir dans le flot de l’album. Le niveau se hisse un peu plus avec la ballade Pariah, très beau duo avec Ninet Tayeb qui atteint des sommets d’émotion lors d’une envolée finale bouleversante. Assurément l’un des must de la galette. The Same Asylum as Before retrouve le rythme mid-tempo de la seconde chanson et s’impose grâce à une bonne mélodie et un final qui voit se déchaîner un riff infernal façon metal. On se calme à nouveau avec Refuge, chanson terriblement d’actualité qui parvient à nouveau à nous filer le frisson grâce à un développement progressif qui sait se faire bouleversant à la manière des meilleurs titres de Peter Gabriel, référence qui reviendra par la suite dans l’album.
Le titre le plus commercial est assurément Permanating, chanson sautillante sympathique qui ressemble à s’y méprendre à du Keane qui aurait croisé la route de Coldplay. On sent bien que le titre a surtout vocation à réveiller le public lors des concerts. Blank Tapes écope quant à lui du label titre inutile que l’on aurait bien vu passer à la trappe tant il indiffère. Comme il s’agit de la chanson la plus calme et la plus courte de la galette, on l’oublie très très vite. On revient aux choses sérieuses avec People Who Eat Darkness qui retrouve un rythme rapide et une efficacité digne des grandes heures de Porcupine Tree. On arrive alors au titre le plus original de la galette par rapport à la discographie habituelle de Steven Wilson. Il s’agit de l’excellent Song of I qui chasse sur les terres de Massive Attack et de certains titres récents de Peter Gabriel. Basée sur une ligne de basse sombre et une rythmique lente, la chanson prend son temps pour imposer une ambiance menaçante qui s’élève peu à peu. A noter qu’il s’agit d’un duo avec Sophie Hunger.
Les amateurs de rock prog frustrés peuvent ensuite trouver matière à contentement avec Detonation qui développe un rock bien progressif sur plus de 9mn. Un régal, même si on ne note rien de vraiment nouveau. L’album se clôt avec une belle chanson classique (Song of Unborn). Là encore, le don naturel de Steven Wilson pour la mélodie se fait sentir et permet au titre de faire une bien belle conclusion.
Au final, To the Bone n’est sans doute pas le meilleur album de son auteur, mais il prouve que celui-ci est capable de dégoupiller de nombreuses pépites avec la régularité d’un métronome. Le résultat final est donc largement satisfaisant et pourrait constituer l’album idéal pour pénétrer dans la discographie foisonnante de l’un des créateurs les plus importants de la scène internationale actuelle.
Track list :
1. To The Bone (6.41)
2. Nowhere Now (4.04)
3. Pariah (4.44)
4. The Same Asylum As Before (5.14)
5. Refuge (6.42)
6. Permanating (3.35)
7. Blank Tapes (2.09)
8. People Who Eat Darkness (6.03)
9. Song of I (5.22)
10. Detonation (9.20)
11. Song of Unborn (5.56)
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