Le 15 octobre 2016
Un sixième album moins balancé mais des plus sophistiqués dans ses ambitions pop-dance-folk, qui laisse au final un succulent goût de mélancolie latine.

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(C) Sophie Muller - EBGB’s LLP 2016
Découvrir le dernier album de Sophie Ellis Bextor, c’est apprendre à dépasser l’horripilante pochette de Familia. Une typo mal incrustée débordant de kitsch qui vient abîmer l’effort pictural de la photographe Sophie Muller. Pour la prêtresse des pochettes léchées et stylées, cela abîme les yeux, après une tendance au sans faute pour tout amateur de format LP. Heureusement, les oreilles sont épargnées.
Sur la même tonalité mélancolique que celle de son précédent opus, Wanderlust (2014), qui avait réalisé un beau succès en Grande Bretagne, en prenant une certaine distance avec la disco frétillante de ses débuts, la chanteuse de Murder on the dance floor, un hit planétaire intemporel, ravivé sur Itunes France de temps à autre lors d’un détour promotionnel, pose sa voix cristalline sur 11 morceaux qui font mouche chacun dans leur style.
Pour capter l’attention, la maison de disques a choisi Wild Forever pour ouvrir l’album aux écoutes des zappeurs du net, et Come with us en premier single pour les radios. Une approche commercialement probante, mais qui ne doit pas trahir l’ADN plus sophistiqué d’un projet qui ne se contente pas de groover sur des rythmes disco-synthétiques.
En s’accompagnant à nouveau à l’écriture du musicien Ed Harcourt, la chanteuse explore des pistes pop vocales qui empruntent à la country (le sublime Unrequited, où s’invite Matthew Caws des Nada Surf), au folk exigeant (Don’t Shy away), sans pour autant trahir l’esprit des œuvres de Sophie Ellis-Bextor, ancrée dans les terres incandescentes d’une iconographie féminine exacerbée par la majesté de son timbre de voix.
Inspirée par ses périples sud-américains, la chanteuse transcende l’écrin parfois latin (le spectral Hush Little Voices) pour raviver les échos de ces succès passés, malgré un rythme volontairement moins enlevé. Le choix de la ballade Crystallise comme 2e succès confirme l’audace de l’artiste qui ne se veut plus être dans la recherche du tube à la chaîne, mais comme une incarnation d’un esprit pop plus personnel, moins immédiat, mais tout aussi chic, soigneux et sophistiqué.