Sometimes

Thomas Knak est malicieux. Thomas Knak n’en fait qu’à sa tête. Thomas Knak n’a cure des règles du music-business. Eternel espoir de la scène electronica/pop, ce jeune bidouilleur de génie s’amuse à brouiller les pistes en multipliant les projets et les collaborations (Opiate, mais aussi Future 3, James Bong ou System). Il y a deux ans, il se fait remarquer en signant deux des plus belles chansons du Vespertine de Björk (Cocoon et Undo). On croit alors le jeune homme prêt à profiter de sa relative notoriété dans le milieu pour enchaîner avec un album d’Opiate dans la foulée. Que tchi ! Au lieu de cela, il collabore au projet electro/dub System sur le label scape de Stefan Betke (Pole), et son label (April à l’époque) se voit contraint de râcler les fonds de tiroirs pour sortir une compilation d’inédits d’Opiate (While You Were Sleeping, 2002), faisant suite au seul véritable album du projet (Objects For An Ideal Home, 1999). Mais avec l’arrivée dans l’histoire du prolifique label de Thomas Morr (le bien nommé Morr Music), on se dit que les choses vont changer, que l’on aura enfin droit à ce fameux nouvel album d’Opiate.

Et bien pas tout à fait. Le label berlinois a en effet initié une collection de mini-albums (6 à 8 titres) dont le format sied particulièrement bien à l’electronica, le maxi 3-4 titres étant souvent réservé à un single plus des remixes, alors qu’un album de plus de dix titres abstraits et instrumentaux peut fatiguer l’auditeur. Sometimes s’inscrit donc dans cette démarche, et le charme de ses six titres en ressort magnifié : choisissez votre meilleur fauteuil, mettez votre casque et laissez vous bercer par 25 minutes de boucles mélodiques envoûtantes (Snow Story), de claviers graciles et de rythmes frêles (Amstel, For Brian Alfred). L’approche de Thomas Knak relève parfois du pointillisme, le producteur tentant d’habiller ses mélodies de touches discrètes et légères venant s’accumuler sur le corps du morceau. Sens du détail et de la mélodie donc, approche narrative également tant Sometimes (que l’on peut traduire par "un jour...") semble raconter une histoire. L’histoire, peut-être, d’un album qui devrait voir le jour, un jour...