Le nouveau western
Le 19 décembre 2005
Renouvelant le genre disparu depuis belle lurette, Charlie Galibert signe un western réaliste, empreint de drôlerie et d’amertume. Comme un cow-boy solitaire qui verrait ses rêves de fortune lui passer sous le nez.


- Auteur : Charlie Galibert
- Editeur : Anarchasis
- Genre : Roman & fiction

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"Western", nous annonce la couverture. Mais il ne faut pas s’attendre ici à du John Wayne. Sistac, notre héros, serait bien plutôt un anti-John Wayne : sale, triste et drôle. Maintenant, si l’on regarde le dictionnaire, voici ce qu’on trouve à l’entrée "western" : "Film/livre dont l‘action se situe dans l’Ouest américain à l’époque des pionniers et de la conquête des terres sur les Indiens." De ce côté-là, rien à redire, Sistac est un western. Et c’est d’ailleurs du point de vue historique qu’il colle le plus au genre puisque, loin des clichés des films de cow-boys, il retrace, à travers l’histoire du personnage principal et de sa famille, le sort qu’ont dû connaître bon nombre d’émigrés (toulousains en l’occurence) partis chercher or et richesse dans ce nouveau monde.
Et l’auteur n’a de cesse de s’attacher à la réalité, ou du moins à une réalité possible : Sistac côtoie bien plus les petites bêtes, sangsues ou autres, que les jolies filles et quand, par hasard, cela lui arrive, c’est pour son malheur. Bref, ce serait plutôt un pauvre hère qui tombe sur des os, au propre comme au figuré. Au point qu’il finit par établir une revue des insectes et autres bestioles qu’il rencontre, une sorte de bestiaire qui fait songer à celui d’un Maldoror pouilleux qui traverserait l’espace à cheval. Sistac serait-il la conscience du cow-boy, figure légendaire ? C’est fort possible, un Jiminy Cricket de son double et frère, Goodfellow, dont le nom ne cesse de varier au fil des pages, au fil de ses rapports (imaginaires ou imaginés) avec lui. Ces deux-là sont inséparables, leurs survies en étroite dépendance et leurs pensées interférentes, comme celles de jumeaux fâchés.
Le texte se présente sous la forme de paragraphes très courts, de petites saynètes variant lieux et personnages, de l’enfance du héros au "premier jour du reste de sa vie" puis à sa mort. On s’y attache, comme on s’attache à son drôle de cheval nommé Bernard, "le seul bon côté" de Sistac, et à ces petites phrases qui clôturent les paragraphes et nous donnent des leçons de vie souvent amusantes jusqu’à en devenir tristes, comme celle-ci : "Parfois, il arrive que le chasseur déprime."
Charlie Galibert, Sistac, éd. Anarchasis, 2005, 190 pages, 14 €