Le 10 septembre 2018


- Scénariste : Bastien Vivès>
- Dessinateur : Bastien Vivès
- Genre : Drame, Érotique
- Editeur : Casterman
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 12 septembre 2018
Laissez-vous glisser dans la soie et le soi.
Résumé : Étudiante en lettres plutôt normale, Séverine va voir sa vie se modifier le jour où elle emprunte un chemisier en soie de la mère de la petite fille qu’elle garde. Depuis sa peau quittant l’inconfortable synthétique jusqu’à son esprit refusant sa timidité, c’est tout son être qui va se trouver bouleverser par ce vêtement symbolique.
L’idée du chemisier est bonne, sinon excellente. Charnel, classique et clivant, le chemisier en soie exprime beaucoup, et de ces ressentis Vivès a bâti un album qui mêle délicatesse et brutalité, noblesse et saleté. Pour ce qui est du sujet, on pense à la nouvelle Le manteau de Gogol, où le vêtement influe sur le destin de son porteur, au point délicat voler la vedette et de s’accaparer le titre de l’œuvre. Le chemisier opère même procédé, et peu importe qu’il soit taché, déchiré ou souillé, il est au centre des idées, des pulsions et des planches de cette histoire. Ainsi le trajet de l’héroïne semble-t-il anecdotique, avec ses hauts et surtout ses bas qui peuvent paraître exagérés, grotesques quand ce n’est pas obscène. Le côté érotique dérangeant semble s’évanouir, alors qu’il est au cœur de l’intrigue, avec un final qui le consacre. Pour autant, l’ensemble se tient, sans morale ni leçon, seulement le destin d’un morceau de tissu pas si anodin.
© Casterman
Noir, blanc, gris, c’est comme cela que travaille l’auteur, et cela lui convient très bien quand il scrute l’intime et le scandaleux. Une poitrine généreuse, une rue glauque et le tour est joué, ces éléments résumant bien la construction qui s’étire autour du vêtement, davantage que des personnages, certains n’ayant ni traits ou épaisseur, le besoin ne s’en faisant d’ailleurs pas sentir. Enfin, comme un symbole, la banalité innocente du début s’étiole aussi dans les planches, faisant place à des dessins de plus en plus crûs et violents. Une escalade recherchée, un peu gratuite, visiblement destinée à choquer.
© Casterman
Frasque plutôt que fresque, Le Chemisier est une œuvre chargée de symboles et de pulsions, que l’on aurait peut-être préféré seulement effleurer, imaginer ou fantasmer, mais son sujet est bien celui de le dure et froide réalité.