Perdus dans l’espace
Le 17 juillet 2011
L’essai, manqué, d’un grand cinéaste Hollywoodien à la science-fiction.
- Réalisateur : Stanley Donen
- Acteurs : Harvey Keitel, Kirk Douglas, Farrah Fawcett
- Genre : Science-fiction, Action
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h23mn
- Date de sortie : 28 mai 1980
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Résumé : Deux savants, Alex et Adam, vivent totalement isolés dans la station Titan, sur un satellite de Saturne. L’arrivée d’un nouveau voyageur est en conséquent toujours un événement : aussi accueillent-ils comme il se doit, Benson, un étrange personnage arrivant arrivant de la Terre. Avec lui, un nouveau modèle de robot, baptisé Hector, qu’il met rapidement en service. Mais très vite, le robot multiplie les réactions bizarres et inquiétantes. Au point d’en devenir complètement incontrôlable...
Notre avis : Unique incursion de Stanley Donen dans le registre de la science-fiction, il est malheureusement peu dire que Saturn 3 apparaît aujourd’hui comme l’une des oeuvres les plus faibles de son réalisateur, quatre ans avant le nouvel échec artistique que sera C’est la faute à Rio. Car si la réputation de nanar intersidéral qui colle à la peau du film peut paraître un peu excessive, elle n’en demeure pas moins un minimum justifié. Pourtant, on est au départ intrigué par cette histoire d’imposteur prenant la place d’un cosmonaute dans le but de rejoindre la station Titan, sur un satellite de Saturne. Non pas que l’idée soit particulièrement innovante, c’est plus les intentions de l’énigmatique Benson qui interpellent : Que compte t-il faire sur une station spatiale où vivent complètement isolés deux savants ? Et plus simplement, qui est-il ? Le problème, c’est que la seconde question ne sera jamais éludée, et la première peu convaincante. Où du moins la manière dont Donen la traite.
Après tout, que ce soit grâce à Fred McLeod Wilcox et son Planète interdite, James Cameron et ses Terminator , John Badham et son Short Circuit, Isaac Asimov et sa mythique saga littéraire ou encore Michael Bay et ses Transformers (non, le dernier c’est pour rire) pour ne citer qu’eux, il est désormais connu que le robot peut être un personnage fascinant et complexe, et ce qu’il soit du bon où du mauvais côté. Nous en sommes loin ici. Hector, le robot en question, s’avère avant tout une énorme machine, sans âme ni personnalité, apparaissant même presque comme un prétexte pour nous offrir une course-poursuite finalement peu captivante et surtout sans grande imagination. En effet, au lieu de se focaliser sur la tension entre les trois personnages principaux, sans doute les passages les plus réussis du film avec les toutes premières scènes, Donen, peu aidé par des dialogues inconsistants, préfère nous livrer une sorte de bon gros film d’action sans fond mais surtout très premier degré, alors qu’un semblant d’humour aurait peut-être sauver les meubles d’une production échouant dans à peu près dans tout ce qu’elle tente.
Les décors font ainsi illusion simplement au début du film, avant de montrer leurs limites à peine arrivés sur la station Titan, le manque de plans larges n’étant à ce titre sans doute pas anodin, tandis que les costumes ressemblent à des pyjamas ringards quasiment dignes des productions Eurociné. Les bonnes idées se font de plus en plus rares au fur et à mesure que le film avance, et s’avèrent en général mal exploitées, à l’image de ce rapport entre l’homme et la machine complètement bâclée et simpliste, ne donnant lieu à aucune véritable réflexion, que ce soit sur la difficulté de vivre complètement isolé du monde contemporain (à l’image du magnifique Moon, sorti il y a deux ans, où même de Silent Running, il y a trente ans de cela déjà) ou encore sur l’ambiguïté qui caractérise habituellement un robot.
Pire que tout : on ne peut même pas se rabattre sur l’interprétation, ce qui semblait pourtant chose acquise. Et pourtant... Harvey Keitel est proche du ridicule à force d’être monolithique du début à la fin, incapable de proposer une autre expression que celle de la colère contrôlée, mais que dire de Kirk Douglas, nous offrant une véritable caricature de ce qu’il nous fait habituellement, à coup sûr (et de très loin) l’une des plus mauvaises prestations de son immense carrière. C’est paradoxalement Farrah Fawcett qui s’en tire le moins mal. Non pas que celle-ci soit particulièrement inspirée, mais sa beauté, son charme et sa sensualité apporte une petite saveur à une oeuvre qui en est presque intégralement dénuée. On retiendra tout de même, de-ci de-là, quelques scènes plaisantes, à l’image de cette partie d’échecs engagée par Adam et Alex et que le premier continuera avec le robot, ou encore l’opposition entre Adam et Benson, ouvrant quelques perspectives qui resteront malheureusement sans suite.
On pourra alors soit faire preuve d’une légère indulgence pour un film gardant aujourd’hui (et de manière assez miraculeuse) un petit charme rétro, soit le ranger directement dans la catégorie des nanars de luxe. En tout cas, une chose est sûre : lors du visionnage de ce Saturn 3, l’époque du Stanley Donen de Chantons sous la pluie, Beau Fixe sur New-York, Charade et autres Voyage à deux vous paraîtra, à l’image de la galaxie Star Wars, lointaine, très lointaine...
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