C’est la faute à Rio - la critique

Michael Caine et Demi Moore (encore inconnue) seront les seuls rescapés de ce naufrage indigne de la part du metteur en scène de Chantons sous la pluie. La seule alternative possible est de (re)visionner l’original, Un moment d’égarement, de Claude Berri.

L’argument : Deux vieux amis, en froid avec leur épouse, décident de passer les vacances à Rio, en compagnie de leur fille respective. La folie de Rio va faire succomber l’un d’eux, pris sous le charme exquis de la fille de son camarade.

Notre avis : Les Américains n’ont jamais eu le chic pour remodeler des succès publics et critiques du cinéma français. Il suffit de penser aux versions catastrophiques de Trois hommes et un couffin de Serreau (Trois hommes et un bébé) ou encore des Choses de la vie de Sautet (Intersection). Même le grand Billy Wilder s’y est cassé les dents avec le remake de L’emmerdeur de Molinaro (Buddy Buddy). Deux ans plus tard, c’est au tour de Stanley Donen, un autre cinéaste majeur de Hollywood, de subir pareille mésaventure en s’attaquant au film de Claude Berri, Un moment d’égarement, une agréable comédie de mœurs qui s’inscrit parfaitement dans l’esprit libertaire des années 70. Leur ultime réalisation respective se soldera par un échec cuisant. C’est la faute à Rio transpose l’ambiance affriolante des plages tropéziennes, lesquelles font place à celles encore plus torrides où les Cariocas et les touristes plantureuses défilent la poitrine dénudée.

De quoi faire tourner la tête du séducteur joué par Michael Caine, la quarantaine largement entamée et atteint du démon de midi ; inévitablement, il est impossible de ne pas faire le rapprochement avec le rôle de Alfie, le dragueur qui lui colle à la peau. D’autant plus qu’il se confesse à la caméra quant aux raisons de sa trahison vis-à-vis de son meilleur ami du fait de s’être épris de sa fille. Il est d’ailleurs le seul à tirer son épingle du jeu en reprenant assez honorablement la performance mémorable de Jean-Pierre Marielle. Ainsi que Michelle Johnson dont on ne retiendra que la plastique délectable. Ironie du sort, elle s’éclipsera tout de suite après pour faire de la figuration dans des séries télévisées alors que Demi Moore, peu présente à l’écran, explosera au début des années 90 grâce à Ghost. Quant à Donen, La faute à Rio est quasi indéfendable au vu des chefs-d’œuvre que sont Chantons sous la pluie (coréalisé avec Gene Kelly) et Drôle de frimousse, et plus encore par sa mise en scène analogue à un téléfilm du dimanche soir.