Bonjour tristesse
Le 18 octobre 2011
Déchirant et d’une richesse inouïe, un film-somme en forme d’ultime révérence. Bravo l’artiste.
- Réalisateur : Ingmar Bergman
- Acteurs : Erland Josephson, Liv Ullmann, Börje Ahlstedt, Julia Dufvenius, Gunnel Fred
- Genre : Drame
- Nationalité : Suédois
- Editeur vidéo : MK2 Video
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– Durée : 1h47mn
Déchirant et d’une richesse inouïe, un film-somme en forme d’ultime révérence. Bravo l’artiste.
L’argument : Trente ans se sont écoulés depuis que Marianne et Johan, le couple de Scènes de la vie conjugale se sont perdus de vue. Sentant confusément que Johan a besoin d’elle, Marianne décide de rendre visite au vieil homme dans la maison de campagne où il vit reclus. Entre eux, la complicité et l’affection sont réelles, malgré toutes ces années passées sans se voir. Marianne fait la connaissance du fils de Johan, Henrik, et de la fille de ce dernier, Karin, qui habitent dans les environs. Tous deux pleurent encore Anna, l’épouse d’Henrik disparue...
Notre avis : Confirmons ce que tout le monde hurle partout : à 86 ans, Ingmar Bergman a bel et bien signé un chef-d’œuvre. L’immense cinéaste suédois nous offre un opus d’une beauté inouïe qui sonde les angoisses existentielles d’un vieux couple défait depuis Scènes de la vie conjugale et qui se reforme le temps de ce Saraband, fiévreux et intense, conclu par le sanglot terrible de Marianne (Liv Ulmann, égérie du cinéaste) désemparée devant le puzzle de sa propre vie : des photos qui n’appartiennent qu’aux souvenirs. Bouleversante remise en question.
Ne pas se fier à l’apparente aridité du style : sous forme de soliloques, de lourds silences ou de lettres, les personnages confient leurs chagrins, doutes et peines dans toute leur humanité, leur détresse, leur manque. En s’adressant à tous les âges (grosso modo, de 20 à 90 ans), Bergman plonge dans les abîmes de la complexité humaine et en tire une admirable autopsie des rapports humains, aussi tendre (Marianne et Karin) que cruelle (Johan et Henrik).
Impression d’avoir raté sa vie, impossibilité de faire le deuil de la personne aimée, amour suprême pour un père lui-même haï par son propre père. Atteignant le haut de la filmographie du cinéaste (Le septième sceau, Les fraises sauvages, La source), ce film initialement tourné pour la télévision dans le but d’être le plus accessible et populaire convoque la sonate d’automne et tous ces cris et autres chuchotements pour faire danser une sarabande aux fantômes du passé et aux démons intérieurs. Fragmenté en dix chapitres, ce film-somme (comme si Bergman tirait définitivement le rideau) se trouve transcendé par des interprètes au sommet, une mise en scène rigoureuse et un scénario d’une richesse infinie. Une sorte d’événement sacré : tragique, beau, déchirant.
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