Le 24 janvier 2021
L’unique fille d’un couple de riches fermiers très pieux est chargée de porter des cierges au prêtre, qui habite le village voisin. La source est divisé en deux parties distinctes : d’abord l’introspection toute bergmanienne, interrompue par un crime qui glace, puis le déroulement d’un acte de vengeance.
- Réalisateur : Ingmar Bergman
- Acteurs : Max von Sydow, Allan Edwall, Gunnel Lindblom, Birgitta Valberg
- Genre : Noir et blanc, Drame historique
- Nationalité : Suédois
- Distributeur : Universal - StudioCanal
- Durée : 1h29mn
- Titre original : Jungfrukällan
- Date de sortie : 8 février 1960
- Festival : Festival de Cannes 1960
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Résumé : Au XIVe siècle, Ingeri, une jeune servante enceinte (Gunnel Lindblom) rallume le feu au petit matin en proférant des imprécations à Odin (dieu païen de la mythologie). Dans le même temps, ses patrons, un couple de riches fermiers très pieux Töre (Max von Sydow) et Märeta (Brigitta Valberg) observe la prière des matines. Ensuite, au petit petit-déjeuner pris avec les ouvriers de la ferme, Töre reproche à son épouse d’avoir laissé leur fille Karin (Brigitta Pettersson) faire la grasse matinée, alors qu’elle doit partir à cheval pour porter des cierges au prêtre dans le village voisin.
Critique : Ingmar Bergman, qui, une nouvelle fois, s’autorise une incursion dans l’époque médiévale, s’inspire d’une vieille légende scandinave. Celle-ci raconte l’histoire de la découverte d’une source, sous le corps d’une princesse assassinée par des brigands.
Pour la genèse de l’histoire, il semble aussi que le cinéaste se soit référé à Rashomon d’Akira Kurosawa (1950) qu’il venait de découvrir.
Le récit, qui commence comme un conte austère, tout de même un peu inquiétant, bifurque brutalement au milieu du film vers un meurtre, qui sera suivi d’une vengeance.
La première partie est totalement bergmanienne, opposant dans le non-dit des riches bien bien-pensants et pieux à une souillon païenne, qui déteste la jolie fille choyée de ses patrons et lance des malédictions à son encontre. La surprise de la violence, décrite dans la deuxième partie, sera d’autant plus étonnante qu’elle est précédée d’un interlude montrant une chevauchée rappelant les illustrations naïves du Moyen Âge
La seconde partie est plus proche d’un cinéma traditionnel, avec un crime inqualifiable, suivi d’un règlement de compte meurtrier. C’est peut-être à cause de ce dernier segment que le cinéaste disait détester ce film.
Pourtant La source ne manque pas de qualités, grâce à la superbe image due à Sven Nykvist, pour la première fois, seul maître à bord comme directeur de la photographie chez Bergman, grâce aussi à la vision critique de la religion, opposée à celles des croyances païennes qui semblent plus efficaces !
Quant à la scène du crime, sans un son, presque chorégraphiée, elle surprend et glace le spectateur. Tout aussi marquantes sont les heures qui précèdent le moment de la vengeance, où l’on voit Töre arracher un arbre et se servir des branches, pour se flageller au cours d’un bain nordique tonifiant.
On mentionnera enfin une interprétation au diapason des intentions du cinéaste avec quelques-uns de ses acteurs favoris, notamment Max von Sydow, Gunnel Lindblom et Allan Edwall.
Avec ce film, Ingmar Bergman entre dans les années soixante, la décennie probablement la plus riche de sa filmographie.
La source remportera le Grand Prix de la critique au Festival de Cannes 1960 et l’Oscar du meilleur film étranger en 1961.
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