Le 27 août 2020
Dans un pays étranger, trois comédiens, suspectés de proposer un spectacle subversif, sont pris à partie par les autorités. Ingmar Bergman donne une vision pessimiste des artistes, de la justice et aussi de la religion. Il tire une conclusion sans appel de son expérience comme directeur du Théâtre national suédois.
- Réalisateur : Ingmar Bergman
- Acteurs : Ingrid Thulin, Gunnar Björnstrand, Anders Ek, Erik Hell
- Genre : Drame, Téléfilm, Noir et blanc
- Nationalité : Suédois
- Editeur vidéo : Opening
- Durée : 1h12mn
- Titre original : Riten
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 16 juin 1972
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– Année de production : 1969
Résumé : Dans une salle d’interrogatoire, le juge Abrahamsson (Erik Hell) fait entrer trois personnes, Hans Winkelmann (Gunnar Björnstrand), sa femme Théa (Ingrid Thulin) et Sebastian Fischer (Anders Ek). Ils sont comédiens, dans un pays étranger, et sont suspectés de produire un spectacle contraire à la morale.
Critique : Cette œuvre fut initialement tournée pour la télévision suédoise. Elle sera exploitée au cinéma dans les autres pays.
Ingmar Bergman, qui a été directeur du Théâtre Dramatique Royal de Stockholm de 1963 à 1966, n’en a pas particulièrement gardé un bon souvenir. Avec Le rite, il règle en quelque sorte ses comptes avec cette période.
Les comédiens sont toujours considérés par les institutions comme des saltimbanques, des profiteurs et des simulateurs, au-delà des planches. Ici, ils sont suspectés de donner un spectacle obscène que le juge devra apprécier, pour autoriser ou pas la poursuite de son exploitation dans ce pays étranger (qui n’est jamais cité, on peut penser à l’Allemagne de l’Est ou à l’URSS).
Le juge, lui, est un être frustré, maladif, toujours en sueur, qui assume mal son rôle de censeur : il n’a pas choisi, car dans sa famille, on est juge de père en fils, et les lois, il ne les justifie pas, il les applique.
Les autres personnages ne sont pas non plus reluisants : Hans Winkelmann, qui est le responsable, est pédant, trop sûr de lui, se défausse très vite, sur ce spectacle en particulier, en affirmant qu’il a été écrit à trois. Sa femme Théa s’avère capricieuse, alcoolique, bègue dans l’émotion, et elle a une liaison connue de tous avec le troisième comédien, Sebastian. Ce dernier a tué un autre acteur par accident, il y a plusieurs années. Il mène grand train et passe par son avocat pour les pensions de ses enfants dont il dit ignorer le nombre ! Il entretient une relation avec la femme de son collègue, ce qui ne lui pose aucun problème. De plus, il est très insultant envers le juge.
Ces quatre personnages vont se retrouver à deux, à trois ou à quatre dans une dizaine de tableaux, comme autant de scènes d’une pièce de théâtre : la salle d’interrogatoire, une chambre d’hôtel, un bar ou encore un confessionnal.
Ces lieux sont totalement dépouillés, les décors sont réduits au strict minimum et on ne voit jamais l’extérieur.
Ce parti pris engendre une sensation d’enfermement pesant, qui ne fera de cadeau à aucun personnage. On verra le début de la fameuse représentation donnée exclusivement devant le juge dans son bureau. Celle-ci doit beaucoup au théâtre antique.
Ingmar Bergman poursuit son étude des tourments humains où personne n’est épargné. Il n’y a guère de salut possible, ni dans l’art, ni dans la société, et pas plus dans la religion.
Le cinéaste, épaulé par la toujours extraordinaire lumière de Sven Nykvist, nous livre, une nouvelle fois, une oeuvre dure, austère, ici totalement dépouillée, mais qui n’en est pas moins fascinante.
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