Madame De
Le 3 octobre 2010
« D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? », dans cet ordre... ou dans un autre.
- Réalisateur : Jeanne Labrune
- Acteurs : Isabelle Huppert, Valérie Dréville, Bouli Lanners, Sabila Moussadek, Richard Debuisne
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 29 septembre 2010
- Plus d'informations : http://www.rezofilms.com/distributi...
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Durée : 1h35 mn
« D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? », dans cet ordre... ou dans un autre.
L’argument : Alice, prostituée indépendante, ne supporte plus ses clients. Xavier, psychanalyste, est las d’écouter les soliloques du divan. Alice veut entreprendre une analyse pour trouver la force de changer de vie. Xavier, que sa femme vient de quitter, fait appel à une professionnelle pour tromper sa solitude. Alice et Xavier se rencontrent. Ce qui pourrait être le début d’une romance devient l’heure de vérité et peut-être la première étape d’un nouveau départ.
Notre avis : Femme, actrice, prostituée, tous ces qualificatifs se mélangent dans Ni queue ni tête. L’actrice comme la prostituée prête son corps pour devenir une autre femme. L’héroïne de ce dixième long-métrage de Jeanne Labrune, interprétée par Isabelle Huppert, ne peut se vendre que déguisée, sous un masque. Une actrice interprète un rôle, se travestit pour revêtir la peau d’une autre qu’elle-même. Et pourtant, il reste toujours quelque chose de la femme se cachant sous les traits d’une autre. Une comédienne fait appel à des émotions connues pour faire passer le ressenti de son personnage. Ici, le personnage d’Isabelle Huppert n’est rien d’autre qu’une actrice qui se cache pour mieux protéger son intégrité.
- © Rezo Films
La prostitution n’est qu’un moyen de subvenir à son riche train de vie et lorsqu’elle sent que son activité ne se détache plus suffisamment de son quotidien, de sa véritable personnalité - un homme lui demande : « Mais là, est-ce que c’est vous ? » - , alors elle décide d’arrêter. L’accompagnement par un psychologue lui parait nécessaire, mais dans le fond, elle sait comment s’en sortir. N’a-t-elle pas toujours su parfaitement qui elle était, en jonglant sur deux personnalités à la fois, en s’attachant à toujours distinguer le rôle qu’elle joue et son existence propre ?
- © Rezo Films
Le travail sur soi qu’elle doit effectuer tient à la manière qu’elle a de se regarder dans le miroir. Quelle image lui renvoie-t-il ? Ou plutôt, quel portrait d’elle-même se fait-elle ? Qui regarde-t-elle dans la glace ? Son reflet est-il celui du personnage qu’elle endosse ou elle-même ? Comme Goliadkine, dans Le double de Fedor Dostoïevski, est-elle en permanence confrontée à une autre elle-même ? Ou est-elle plusieurs ces femmes à la fois, aucune n’étant pas plus représentative qu’une autre de sa véritable identité ? Devant la pluralité des personnalités qui s’expriment à travers le corps d’Isabelle Huppert s’exprime la complexité des émotions qui la guident perpétuellement : ne se distinguent ni le cœur, ni la raison ; juste l’instinct. Sans queue ni tête.
- © Rezo Films
Si ce leitmotiv qui donne son titre au film le décrit si bien, ce n’est pas dans un esprit péjoratif ; au contraire. En effet, Jeanne Labrune s’applique à décortiquer la conscience non seulement de son héroïne mais également celui des psys en tous genres qu’elle côtoie. Cyniques et blasés, souvent avides, ces spécialistes sont à la fois drôles et finalement peu différents de leurs patients : ils ne sont que des enveloppes, des acteurs, le temps d’une consultation. Malgré les tensions et les antipathies qu’ils provoquent, ces médecins, sans doute malgré eux, offrent à Sans queue ni tête, un souffle comique salvateur et bienvenu au milieu de la souffrance et des réflexions ontologiques de la femme-actrice, interprétée par Isabelle Huppert.
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