Le 5 septembre 2017
Un très beau récit initiatique, sans doute le meilleur film de Jeanne Labrune.
- Réalisateur : Jeanne Labrune
- Acteurs : Randal Douc, Agathe Bonitzer, Somany Na
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Cambodgien
- Distributeur : Épicentre Films
- Durée : 1h31min
- Date télé : 11 février 2020 20:55
- Chaîne : France Ô
- Date de sortie : 6 septembre 2017
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Résumé : Camille a rejoint une mission catholique au Cambodge avec l’intention d’y prononcer ses vœux. Chaque matin, elle emprunte un chemin qui longe la rivière et traverse les ruines d’Angkor. Elle y croise un homme cambodgien, Sambath. Un rituel de rencontre s’établit entre eux…
Notre avis : D’emblée, on est saisi par la beauté des images qui doit bien sûr aux superbes paysages du Cambodge, mais aussi à cette manière dont la caméra de Jeanne Labrune s’attarde, par des plans millimétrés, sur des détails qui sont, pour la plupart, chargés d’une dimension symbolique. On pense en particulier à cette séquence récurrente où un banc de poissons s’ébat dans une rivière. Les ruines d’Angkor que longe quotidiennement Camille sont lestées d’un passé douloureux. Leur nom n’est jamais prononcé, mais on pense évidemment aux Khmers rouges et aux massacres qu’ils perpétrèrent à la fin des années 70. Les traumatismes subis par les civils et leurs descendants s’incarnent discrètement dans des douilles que recherche et trouve Sambath, la mention d’un grand-père assassiné et surtout une apparition saisissante, fantastique d’une cohorte de victimes sur les ruines fantomatiques.
Si l’on prolonge l’allégorie, on peut considérer le cancer de Sorya à l’aune de ces tragédies et surtout sa volonté de cacher son mal à son mari Sambath comme l’équivalent d’une amnésie collective volontaire. Le silence que s’inflige la jeune femme se paie au prix cher d’une dépendance à la morphine. Elle n’en sortira pas.
- spip-bandeau
Parallèlement, une histoire d’amour pourrait s’ébaucher entre Camille et le délicat cambodgien, mais trop d’obstacles rendent la liaison impossible : la fidélité scrupuleuse de Sambath, les vœux que la jeune fille est sur le point de prononcer, les doutes de Sorya, toutefois trop accaparée par son mal, pour exercer une constante surveillance des faits et gestes de son mari. Le cœur du film se tient au carrefour de nombreuses hésitations, mais également de ces solitudes qu’incarnent les personnages principaux, comme s’ils vivaient parallѐlement les uns aux autres, les yeux rivés sur une possible existence qui n’adviendra jamais. Et l’on ne peut pas dire que le dénouement rassemble ces cœurs isolés : il persuade juste Camille que son destin n’est pas dans la religion.
Mystérieux, envoûtant, Le chemin est une des belles surprises de la rentrée.