Corps et cœurs
Le 27 septembre 2023
Paul Vecchiali propose une délicate romance, fidèle à son cinéma intimiste et artisanal.
- Réalisateur : Paul Vecchiali
- Acteurs : Marianne Basler, Évelyne Buyle, Jacques Nolot, Patrick Fierry, Julien Guiomar, Jean Sorel, Jean-Louis Rolland, Catherine Lachens, Pierre Cosso, Laurent Lévy, Noël Simsolo
- Genre : Comédie dramatique, Romance
- Nationalité : Français
- Distributeur : Shellac, Les Films de l’Atalante
- Editeur vidéo : Shellac
- Durée : 1h28mn
- Reprise: 22 novembre 2023
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 2 mars 1986
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– Reprise en version restaurée : 22 novembre 2023
Résumé : Rosa est une prostituée des Halles. Les hommes se bousculent pour une passe avec elle. Rosa est saine, éclatante. Elle ne refuse aucun fantasme. Rien ne lui paraît sale. Aujourd’hui Rosa a vingt ans. Gilbert, son souteneur, a organisé un banquet. C’est alors que surgit Julien, un jeune ouvrier. Le coup de foudre est réciproque. Mais la loi du Milieu va peser sur cet amour inattendu.
Critique : Après En haut des marches, qui avait permis à Vecchali de relater la vie de sa mère et de diriger son idole de jeunesse, Danielle Darrieux, le réalisateur opta pour un récit plus linéaire, sans arrière-fond historique ni structure éclatée. Par ailleurs, les personnages principaux sont plus jeunes que dans les œuvres antérieures, à commencer par Rosa, la prostituée au grand cœur (Marianne Basler). Le petit monde des Halles dépeint par le cinéaste n’a guère d’ancrage sociologique et relève d’un folklore mythologique assumé, comme si le « petit peuple de Paris » n’avait pas changé depuis 14 Juillet de René Clair ou Hôtel du Nord de Marcel Carné.
- Pierre Cosso et Marianne Basler dans "Rosa la rose, fille publique"
- © 2023 Shellac Distribution. Tous droits réservés.
Autour de Rosa gravitent ainsi Trente-Cinq (Evelyne Buyle) et Quarante (Catherine Lachens), les bonnes copines de passe, aussi fidèles envers Rosa que Dominique Davray l’était vis-à-vis de Casque d’or. Gilbert, le souteneur (Jean Sorel), tient à peu près le même discours que Georges Flamant dans La chienne. Quant à Julien (Pierre Cosso, rescapé de La boom), il est l’incarnation de l’amour fou et bien intentionné qui mènera la fille publique à sa perte, incarnation moderne de la figure du jeune premier maladroit mais sincère, qu’auraient pu jouer naguère Gilbert Gil ou Jean-Pierre Aumont. On l’aura compris : l’univers de Paul Vecchiali est une retranscription fidèle mais décalée d’un certain cinéma populaire des années 30 à 50. Le film est d’ailleurs dédié à Danielle Darrieux et Max Ophuls ainsi que Dora Doll et Jean Renoir. Vecchali greffe à ce cadre son ton personnel et une liberté de type Nouvelle Vague, qui en font un proche cousin de Jacques Demy. Tourné avec peu de moyens, sans grosses vedettes ni budget publicitaire confortable, mais avec des collaborateurs fidèles (dont le compositeur Roland Vincent), Rosa la rose est emblématique de son cinéma artisanal, à la fois traditionnel et avant-gardiste, visant tous les publics au risque de n’en toucher qu’une minorité. On aime ce cinéma qui se fiche de « la justesse » et de la vraisemblance, qui occulte les problèmes majeurs du milieu qu’il décrit (le sida est à peine évoqué au détour d’une réplique), fait pousser la chansonnette à ses acteurs sans être apparenté au genre musical, et élimine tout artifice dramatique dans le jeu de ses comédiens.
- Marianne Basler, Catherine Lachens, Pierre Cosso et Evelyne Buyle dans "Rosa la rose, fille publique"
- © 2023 Shellac Distribution. Tous droits réservés.
Interdit aux moins de douze ans à sa sortie, en raison de quelques séquences rappelant que Vecchiali est aussi affilié à un certain cinéma érotique, Rosa la Rose mélange allègrement comédie et drame, légèreté et tragédie ; on regrettera juste l’absence de mixité ethnique, typique du cinéma français jusqu’aux années 90, et que Vecchiali tentera de combler dans certains de ses films postérieurs. On peut préférer la radicalité de Femmes femmes, l’élégance de Corps à cœur ou la beauté d’En haut des marches ; Rosa la rose n’en reste pas moins une œuvre romanesque attachante. Marianne Basler, la révélation du film, fut nommée pour le César du meilleur espoir féminin mais dut s’incliner face à Catherine Mouchet dans Thérèse.
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