Rio Lobo - Howard Hawks - critique

Critique : Ce western mésestimé, le dernier film de Howard Hawks, est catalogué comme étant la troisième déclinaison, en mode mineur, de la même histoire déjà présente dans deux autres de ses films, Rio Bravo (1959) puis El Dorado (1966). Ces trois longs métrages ont aussi en commun le même acteur principal, John Wayne.

La raison principale de cette mauvaise réputation tient à plusieurs facteurs. En premier lieu, nous sommes face à un recyclage du thème, considéré à la sortie comme de l’auto-parodie : un petit groupe hétéroclite et isolé doit se défendre contre des assaillants beaucoup plus forts.

En outre, l’on déplorera l’absence de célébrité auprès de Wayne et la faiblesse globale de la distribution. C’est évident compte tenu du jeu limité de Jorge Riveron, loin de faire oublier les interprétations de Dean Martin ou Robert Mitchum. Jennifer O’Neill, dans le rôle féminin principal, ne semble pas avoir trouvé sa place dans l’univers du cinéaste. John Wayne lui-même, alors âgé de soixante-trois ans, fatigué et sûrement trop lourd, peine un peu dans les scènes d’action.

Maintenant, le savoir-faire du cinéaste se retrouve largement et à plusieurs reprises. Deux scènes d’action, extrêmement bien découpées, sont tout à fait exceptionnelles : l’attaque du train du début et le règlement de comptes final. Un humour bienvenu se retrouve dans de nombreux échanges entre les protagonistes, ainsi que dans le personnage de vieux grincheux campé par Jack Elam (célèbre borgne de western, habituellement cantonné aux rôles de méchants qui finissent mal !), qui va se joindre au groupe et s’avérer tout à fait réjouissant.

Les défauts du film, certainement exagérés à l’époque de sa sortie, n’en font pas moins un western tout à fait acceptable signé, en forme de chant du cygne, par de l’un des plus grands de l’âge d’or hollywoodien.