Le 14 juin 2023
- Réalisateurs : Emilio Fernández - Julio Bracho - Juan Bustillo Oro - Fernando Mendez
- Distributeur : Les Films du Camélia
- Plus d'informations : Le site du distributeur
Les Films du Camélia et le CNC proposent de découvrir cinq raretés du cinéma policier mexicain des années 1940 et 50, distribués en salle à partir du 14 juin 2023.
News : On savait que le cinéma italien ne se limite pas au néoréalisme et aux grands maîtres des années 60, le cinéma indien à Satyajit Ray, ou le cinéma français à Renoir suivi de La Nouvelle Vague. Il en est de même pour le cinéma mexicain en noir en blanc, souvent associé, uniquement, au génial Luis Buñuel. La rétrospective « 5 films noirs de l’âge d’or du cinéma mexicain », à l’initiative du CNC et du distributeur Les Films du Camélia, le prouve aisément. À vrai dire, Buñuel lui-même aurait pu avoir sa place dans cette programmation avec les sublimes EL (Tourments) et La vie criminelle d’Archibald de la Cruz. Mais l’intérêt de cette programmation est de se focaliser sur le cinéma de genre en mettant en lumière des cinéastes méconnus dont les films sont pour la plupart inédits en France. Emilio Fernández est de ceux-là, même s’il a connu une petite réputation internationale avec quelques œuvres dont Maria Candelaria, Grand Prix au Festival de Cannes 1946. Ce n’est pas ce film mais Les bas-fonds de Mexico (1949) qui est présenté dans la rétrospective, et s’avère être le meilleur des cinq. Ce mélodrame sur fond de description de la misère sociale brille par un style à la fois fulgurant et sec, la trame policière n’étant pourtant pas l’aspect central du récit (juste une scène de braquage et un règlement de comptes entre deux amants). Marga López aux faux airs de Joan Fontaine et Olivia De Havilland est l’image de la pureté souillée dans un monde de brutes (incarné par le malo Rodolfo Acosta), pour un film à l’ambiance au carrefour du folklore local et de la tragédie. Son idylle avec un policier protecteur (Miguel Inclán) annonce la relation entre John C. Reilly et Melora Walters dans Magnolia.
- Miguel Inclán et Marga López dans "Les bas-fonds de Mexico"
- © 2023 CNC, Les Films du Camélia. Tous droits réservés.
Julio Bracho a droit à deux films dans la rétrospective, aux accents hitchcockiens et langiens, et les premiers dans la chronologie. Une aube différente (1943) frappe par sa capacité à mêler espionnage, mélodrame et critique sociopolitique, dans un suspense haletant. Le trio amoureux (motif repris dans le film suivant) suscite un dilemme pour la protagoniste, interprétée par l’excellente Andrea Palma, troublée par ses retrouvailles avec son ancien amour de jeunesse (la star Pedro Armendáriz). Influencé par la psychanalyse qui avait également marqué Hollywood, Crépuscule rappelle le style de La maison du docteur Edwardes et Le secret derrière la porte. Fétichisme et narration déstructurée marquent avec brio un récit où les éléments criminels sont rares. Arturo de Córdova anticipe son personnage d’EL (Tourments) et Gloria Marín est une digne version mexicaine de Linda Darnell.
- Arturo de Córdova et Gloria Marín dans "Crépuscule"
- © 2023 CNC, Les Films du Camélia. Tous droits réservés.
On reste un peu sur sa faim avec Roberto la douceur (1951) de Fernando Méndez, connu au Mexique pour ses séries B fantastiques. Ici, le ton se veut à la fois réaliste et sentimental, et le film n’est pas pleinement apparenté au genre policier. Il est agréable mais reste une simple curiosité pour cinéphiles, avec en outre des acteurs sans charisme. Nettement plus enthousiasmant est Le médaillon du crime (1956) de Juan Bustillo Oro, récit policier limpide, qui croise le parcours d’un brave employé et père de famille modèle (Manuel Fábregas, dans un emploi qu’aurait pu tenir Jack Lemmon), et celui d’un tueur sans foi ni loi. Le scénario, à la fois clair et sophistiqué, est réellement oppressant, et le métrage frappe par une violence inouïe pour l’époque, annonciatrice des films de Peckinpah à la décennie suivante. Au final, ces cinq films méritent amplement cette rétrospective et il n’est pas surprenant que certains d’eux aient influencé Guillermo del Toro, Alfonso Cuarón ou Alejandro González Iñárritu.
Rétrospective : 5 films noirs de l’âge d’or du cinéma mexicain
– Les bas-fonds de Mexico (Salón México), d’Emilio Fernández (1949) - 1h31
– Crépuscule (Crepúsculo), de Julio Bracho (1945) - 1h45
– Le médaillon du crime (El medallón del crimen), de Juan Bustillo Oro (1956) - 1h33
– Roberto la douceur (El suavecito), de Fernando Méndez (1951) - 1h27
– Une aube différente (Distinto amanecer), de Julio Bracho (1943) - 1h46
- © 2023 CNC, Les Films du Camélia. Tous droits réservés.
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