La vie criminelle d’Archibald de la Cruz - Luis Buñuel - critique

Critique : Archibald devenu adulte (Ernesto Alonso), artiste plasticien, rêve secrètement désormais de voir mourir toutes les femmes attirantes qu’il rencontre. Très distingué, bien mis et bien élevé, il évolue dans un monde bourgeois chic où il est très apprécié. Ses fantasmes de meurtre sont malheureusement pour lui systématiquement mis à mal : si chacune de ses proies meurt, c’est soit de manière naturelle, soit assassinée par une autre personne.

La mise en scène très sobre de Luis Buñuel s’avère d’autant plus efficace qu’elle raconte avec un second degré permanent la vie d’un candidat meurtrier, qui souvent par hasard, rate tous ses coups.
Fidèle à son style et à l’esprit surréaliste, le cinéaste parsème son récit de visions troublantes où la morale et la religion en prennent pour leur grade.
Une belle boîte de collection contenant des rasoirs de toutes les tailles ou un mannequin de cire très ressemblant brûlé dans un four sont, comme la boîte à musique de sa jeunesse, les témoins du désordre mental et du refoulement sexuel d’Archibald.

Cette farce macabre, faite de frustrations à répétition, suffisamment subtile pour se déjouer de la censure de l’époque, est un modèle d’humour noir qui se permet même une fin gaie et presque primesautière.