Sur le morceau de trottoir qu’il a investi, un vagabond remplit des cahiers d’écoliers et alimente la rumeur publique. L’histoire c’est celle de Miranda, un pays inconnu, disparu ou imaginaire, une histoire d’amour, de fuite, de héros.

A Zurich, dans la clinique psychiatrique Montplaisir, le Docteur Peters s’intéresse aux cas spéciaux, et met au point des traitements expérimentaux. Heïdi s’occupe du patient X, mutique et inaccessible, tandis que Susan explore dans une cave le carton qui accompagnait le malade, rempli de cahiers d’écoliers racontant une étrange histoire.

Heïdi devient Felicidad, dans l’esprit perturbé du patient X. Susan pourrait être Soledad, le journaliste Parma aurait à voir avec Palma, son double suisse, et l’avocat Bollot aux multiples apparitions serait Hollow, Nolaw... Plus de lois, quand les repères disparaissent. Histoires en miroir, qui s’articulent autour de ce X aux deux vies, qui brandit sa mémoire quand on lui impose l’oubli. Abolition des traces, quand les personnages se confondent, jamais tout à fait étrangers à leur double, toujours aux prises avec l’imprécision d’une mémoire qui est aussi celle de Miranda, entre vérité et chimère, comme ce tableau de Chirico, symbole de la ville impossible.
Alors, qu’est-ce que Miranda ? Un rêve, un refuge, une folie ? Une autre dimension, échappée au monde ?

Michel Braudeau brouille les pistes, comme celles qui mènent à Miranda. On est dans le mystère, la fable, le jeu. Les personnages s’échangent, disparaissent pour mieux revenir, dans cet univers "structuré comme un game-boy". Dommage tout de même, cette impression tenace de déjà lu, et l’ombre de Perec qui se rajoute à cette galerie de doubles, faisant de ce pays perdu, rêve de X, le reflet d’une autre chimère, W [1].