Retour à Brooklyn

L’écrivain est connu pour ses excès : morphine, alcool, héroïne, hôpital psychiatrique... Ses textes sont irrigués de mort, de violence et de souffrance, bouffis de drogues et de spiritueux. Une plume gouailleuse, acérée, noire, qui donnera naissance à quatre livres se succédant crescendo, Last exit to Brooklyn, Le démon, La geôle. Et en 1978, Retour à Brooklyn, l’extrême descente aux enfers.

Harry, Tyrone et Marion sont des amis de défonce, leur objectif se résumant à se procurer leur prochaine dose. La mère de Harry, Sarah Goldfarb, passe son temps devant la télévision. Jusqu’à un coup de téléphone inespéré l’invitant à devenir la candidate d’une émission...

A chaque personnage, sa drogue. Harry, Marion et Tyrone sont accros à l’héroïne : pour elle, Marion vendra son corps, Tyrone ira en prison et Harry se pourrira le corps. La télévision provoquera la chute de Sarah Goldfarb, véritable TV-addict, coincée entre sa cuisine et son fauteuil. La lente agonie se fait au rythme cruel et languissant d’Hubert Selby Jr s’attardant sur la solitude et l’ivresse de ses personnages, entraînés dans un tourbillon irrésistible. Les phrases s’enchaînent, dialogues et récit se confondent, une écriture linéaire qui a la tchatche et la sauvagerie de la rue.

Retour à Brooklyn est sans aucun doute le roman le plus étouffant et le plus morbide d’Hubert Selby Junior, une sorte d’anthologie des dépendances qui redonne ses lettres de noblesse au mot "underground". C’est une littérature trash, remise en question du fameux rêve américain, critique de la société de consommation à tout prix... même celui de la vie. Un livre coup de poing qui donnera lieu à une adaptation cinématographique tout aussi choc.