Rencontre avec Anaïs

Un univers un peu fou, une belle voix, des textes délirants et gentiment moqueurs, Anaïs a déboulé en 2005 sur le devant de la scène avec son "Cheap Show", titre de son spectacle et de son album live autoproduit sorti il y a un an (V2). Elle est depuis portée par un bouche-à-oreille persistant. En concert, Anaïs est seule, sa guitare dans les mains et surtout son sampler à ses pieds, qui lui donne la possibilité de quitter la chanson française pour aller explorer le rap, le blues ou encore la musique celtique. Entretien avant son concert rennais.

Tu tournes avec le "Cheap Show" depuis deux ans maintenant, comment a-t-il évolué au fil des concerts ?
Je lui ai ajouté "Bad Blues Player", les intermèdes, Justin Timberlake aussi. Shakira vient faire un coucou de temps en temps, Madonna est passée récemment, et les White Stripes viennent régulièrement, c’est des potes (rires). J’essaie de garder le spectacle frais, c’est important qu’il soit spontané. Les fins des morceaux sont adaptables à mon humeur du jour, au son de la salle, aux réactions du public.

Tu apprécies cette liberté sur scène ?
Oui, mais ça se travaille quand même. C’est sûr qu’il est plus facile de faire tous les soirs le même show. Moi ça ne me convient pas. J’aime me surprendre. Je ne suis pas contente quand je ne trouve pas d’impro sur scène, quand les idées ne viennent pas, parce que ça ne m’apporte rien et je pense que ça apporte peu au public, même si le concert est correct.

Tu as des dates à l’étranger dans les mois à venir. Est-ce très différent de jouer devant un public francophone mais pas français ?
En fait, même s’il y a des généralités, le public est déjà différent d’une région française à l’autre. Le public marseillais par exemple est génial. Quand il aime, il s’emballe. Les Bretons sont un public très attentif, ils écoutent vraiment ce que tu proposes.

Justement, qu’est-ce qui te met le plus à l’aise sur scène : un public qui t’écoute, ou des spectateurs qui dansent, qui sautent ?
J’aime bien les deux, ça dépend. C’est assez agréable un public calme, qui écoute mais qui répond présent quand il le faut, quand tu fais appel à lui. Je suis souvent surprise, j’ai des rappels quand je ne m’y attends pas, c’est sympa.

Début février, tu seras en résidence pour ébaucher un nouveau spectacle. As-tu déjà des pistes de travail ?
Cette résidence va me permettre de voir autre chose pendant quelques jours. Je vais pouvoir dégrossir des nouvelles chansons. Je sais déjà que je ne serai pas seule sur scène, comme pour le prochain album d’ailleurs. Ce sera un album studio, arrangé avec d’autres musiciens. Mais ça ne viendra pas avant un an, alors je préfère ne pas en dire plus. Pour le moment, je suis vraiment concentrée sur le "Cheap Show".

Tu te sens attendue au tournant pour l’après "Cheap Show" ?
Oui, vraiment ! Ce n’est pas commun de sortir en premier l’album live, ça ne se fait pas, le public cherche l’album studio. Moi j’arrive, je fais ma maligne sur scène, je me moque de tout le monde. Après, forcément, on m’attend au tournant, même moi je m’attends au tournant ! (rires) Quand tu essaies de faire quelque chose d’un peu différent, c’est à double tranchant, je pense que quelqu’un comme Camille est dans la même situation.

C’est aussi ce côté différent qui t’a permis de faire une "Black Session"...
Je veux montrer depuis le début que même seule avec ma guitare, je peux faire autre chose que de la chanson, et bien sûr ça fait plaisir que Bernard Lenoir s’en soit rendu compte. Même chose avec Nagui à Taratata, il ne m’a pas présentée comme "La nouvelle Lynda Lemay". Je ne veux pas me la jouer artiste inclassable, mais pourquoi me ranger obligatoirement dans une case ? C’est important que des gens, comme Lenoir ou Nagui, permettent de briser les carcans.

Propos recueillis à Rennes le 25 janvier 2006
Merci à Cédrick Lohou de V2 Music