Le décor est réduit à sa plus simple expression, pour laisser toute la place à l’exubérance et à la violence des émotions. Une garnison, dans le sud des Etats-Unis, six personnages, prisonniers de leurs débordements et de leur ennui.

Reflets dans un œil d’or circonscrit l’inéluctable d’une mort annoncée. Peu importe la victime, elle sera expiatoire. Le meurtre n’est pas celui de l’homme ou de la femme (qui est la victime ?), c’est celui de ces dérapages des sens qui ne peuvent conduire qu’à la folie. Jeux de miroirs, traversées des apparences, reflets furtifs qui se substituent au réel jusqu’à le faire disparaître. Sentiments inavoués, pulsions inavouables, c’est le témoin de la faute qui doit mourir, pour rendre à l’âme du coupable son repos.

Second roman de Carson McCullers, écrit en 1941et toujours considéré, depuis, comme un chef-d’œuvre de la littérature sudiste, Reflets dans un œil d’or épuise cette montée en violence de passions enfouies, dans une quintessence du huis clos. Très peu de moyens, une écriture d’une infinie précision, où les sentiments se manifestent par un geste, un mouvement du visage, où le trop-plein reste dans l’indicible et ne peut s’exprimer que dans l’acte, l’auto-mutilation, le meurtre.

Tourné en 1967 par John Huston, Reflets dans un œil d’or ressort ce mois-ci sur les écrans. Une belle occasion de redécouvrir une œuvre discrète et forte, une grande voix du Sud.